Au-delà des nuages - Bergèse - Biggles - The Black Hawk Line - Buck Danny - Les Chevaliers du Ciel - Dan Cooper - Le Faucon du désert - Flottille 66 - Lady Spitfire - Missions Kimono - Tanguy et Laverdure - Team Rafale

Il s’agit d’une série de deux albums sortant de l’ordinaire habituel des BD de pilotes de chasse roulant des mécaniques. Il s’agit plutôt d’une histoire d’amitié, d’amour, de doutes et de haine ayant l’aviation pour cadre. Le scénario de Régis Hautière sort clairement des sentiers battus du genre, tandis que les dessins de Romain Hugault sont absolument époustouflants; chacun de ceux-ci peut être considéré comme une réelle œuvre d’art à part entière. Certains effets visuels imaginés par le dessinateur sont clairement empruntés à la photographie pour, par exemple, donner certaines sensations de vitesse aux avions. À noter qu’à l’endos des couvertures, on retrouve des dessins et des explications au sujet des appareils les plus présents dans chacun des albums.

Nous sommes dans la Cordillère des Andes durant l’hiver austral 1933 lorsqu’un avion de l’Aéropostale piloté par Pierre Lucas-Ferron s’écrase dans le mauvais temps. Trois jours plus tard, un pilote américain, Allan Thompson, effectuant le tournage d’un film dans les parages aux commandes d’un Sikorsky S-39, parvient à sauver l’infortuné pilote français. Entre ce dernier et son sauveur nait une amitié ainsi qu’une saine rivalité qui leur permettra de se mesurer lors de courses aéronautiques. Mais Allan assure également les intermédiaires pour trouver à Marie, la fiancée de Pierre, un premier petit rôle au cinéma. Voilà enfin un album de BD d’aviation dont le scénario n’a pas pour cadre l’univers militaire rigoureux. Et c’est une parfaite réussite. D’emblée, on est aussi conquis par les dessins et les couleurs magnifiques de Romain Hugault. Petit clin d’œil de la part des auteurs : l’apparition dans son rôle de Bernard Chabert, bien connu et apprécié comme commentateur de spectacles aériens en France !

L’histoire entamée dans le premier tome se poursuit aux États-Unis dans le second. Suite à son accident, Pierre est défiguré et l’absence de Marie, totalement impliquée dans sa nouvelle vie d’actrice de cinéma et proche d’Allan, le ronge. Il devient une vedette d’un cirque aérien sous le nom de "Dark Angel". Mais la Seconde Guerre Mondiale vient de débuter en Europe et les deux pilotes, chacun de leur côté, rejoignent la Royal Air Force en pleine Bataille d’Angleterre. Même si ce second album rejoint inévitablement l’univers de l’aviation militaire, c’est le thème de l’amitié brisée qui demeure la trame du scénario. Les dessins sont toujours aussi exceptionnels, mais j’ai malgré un tout petit peu moins aimé ce second tome de cette belle histoire à la fin quelque peu surprenante.

Francis Bergèse est un passionné d’aviation bien connu dans le monde de la BD pour avoir dessiné plusieurs épisodes de la série Biggles et, surtout, Buck Danny après le décès de Victor Hubinon. On lui doit aussi, notamment, quelques dessins de boîtes de modèles à coller Heller.

"Un taxi pour les îles" est en fait un recueil rassemblant plusieurs récits courts ainsi qu’un autre plus long datant du début des années 1970. L’histoire qui a donné le titre à cet album raconte l’histoire d’Alain Devel, un pilote-propriétaire français qui exploite un hydravion Grumman Widgeon à Mahaéna en Polynésie. De passage en France, il recrute sa nièce Peggy pour lui donner un coup de main en qualité d’hôtesse. Mais un jour, deux hommes d’affaires affrètent son avion pour un déplacement privé. Mais, une fois en vol, les choses prennent une toute autre tournure … Cet album s’adresse, en fait, essentiellement aux collectionneurs amateurs de BD et d’aviation, les deux n’étant pas incompatibles ! Il regroupe des œuvres moins connues de Francis Bergèse et est donc fort intéressant, car il illustre fort bien ce qu’était la bande dessinée d’aventure durant les années 1970.

Ce recueil reprend les titres suivants : "Un taxi pour les îles" (46 planches), "Un drôle d'héritage" (8 planches), "Piège dans les Andes" (7 planches), "Le vol à voile en montagne" (1 planche) et "Jules Védrines" (3 planches).

Inspirée des récits et romans du Captain William Earl Johns, la série de bandes dessinées Biggles reprend autant des aventures d’aviateurs que des fresques historiques relatant des batailles aériennes de la Royal Air Force. Elle met en vedette James Bigglesworth, alias "Biggles", flanqué de ses inséparables collègues pilotes et amis Ginger Hebbelthwaite ("Ginger"), Algernon Montgomery Lacey ("Algy") et Lord Bertie Lissie ("Bertie"). Bien entendu, le caractère très "British" transparait tout au long des albums.

La Seconde guerre mondiale vient tout juste de s’achever et le Wing Commander Bigglesworth, ainsi que ses trois collègues pilotes à la Royal Air Force, convoient leur Mosquito vers la base dépôt. Mais une surprise les attend en la personne du Group Captain Raymond qui a repris ses fonctions à Scotland Yard. C’est ainsi que Biggles, Algy, Bertie et Ginger sont engagés pour mener une enquête au sujet de la disparition mystérieuse de bijoux et de diamants en plusieurs endroits du monde. Les soupçons amènent vite les nouveaux enquêteurs au constructeur d’avions allemand Renkell. Ce premier album de la série Biggles est un petit chef d’œuvre grâce au scénario inspiré du récit du Captain W.E. Johns et, aussi, aux magnifiques dessins de Francis Bergèse.

Fin 1945, Biggles et ses fidèles compagnons se voient affectés à une mission dans l’un des coins les plus inhospitaliers de la planète : les îles Kerguelen. Au terme de la Seconde guerre mondiale, en effet, un ancien commandant de la Kriegsmarine, un certain Von Schonbeck, s’y serait réfugié avec un sous-marin et une grosse quantité d’or, fruit d’innommables actes de piratage sur des navires commerciaux. La sympathique équipe est donc recrutée par Scotland Yard pour y aller enquêter et, pour mener à bien cette opération, elle se voit confier deux avions amphibies Grumman G44 Widgeon. Dessinée par Francis Bergèse, cette histoire est totalement empreinte de réalisme au point que, par moment, on a littéralement froid à la place des pilotes dans cet univers glacial des îles Kerguelen. Une excellente histoire, donc, parfaitement illustrée.

Pour ce troisième album de la série inspirée des récits de W.E. Johns et admirablement dessinée par Francis Bergèse, on remonte le temps au moment de la célèbre Bataille d’Angleterre. Alors que les deux premières histoires tenaient plus de l’enquête policière et de l’aventure proprement dite, dans "le Bal des Spitfire", nous avons plus droit à une série de petits événements mis bout-à-bout dans le cadre de cette première grande bataille aérienne de la Seconde guerre mondiale en Europe où Biggles commande l’Escadron 666 constitué de ses compagnons habituels, mais aussi de pilotes farfelus ou au comportement atypique. Il y a donc une cassure avec le genre "Biggles" amorcé dans les deux premiers albums, mais le style "British" est toujours omniprésent. Par ailleurs, les dessins des Spitfire et autres avions ayant pris part à cette bataille sont absolument parfaits. Nul doute que Francis Bergèse a eu beaucoup de plaisir en les dessinant ! À noter aussi que cet album est préfacé par Pierre Closterman, un as de l’aviation militaire française durant la Seconde guerre mondiale.

Alors que Bertie, un des collègues de Biggles, passe quelques vacances dans sa famille dans un coin reculé de l’Écosse, son oncle Seamus ainsi que les gens du village où il réside parlent d’un avion fantôme volant la nuit dans la région. On lui mentionne également un terrain d’aviation désaffecté servant pour la révision de moteurs. Bien entendu, sa curiosité le pousse à aller voir sur place … Toujours dans le plus pur style "british" que l’on adore, voici une autre enquête de Biggles et de son équipe adaptée magistralement par Michel Oleffe et parfaitement dessinée par Eric Loutte sur une idée du Captain W.E. Johns. Il s’agit typiquement du genre de bandes dessinées aéronautiques que l’on aimerait voir plus régulièrement : une belle intrique, un excellent scénario et de magnifiques dessins.

Le prototype du Space Arrow, un avion britannique révolutionnaire, disparaît mystérieusement de la base d’essais de la Royal Air Force située à El Nuhûd en Égypte, ceci sans laisser de trace. Bien évidemment, Scotland Yard confie l’enquête à Biggles et ses coéquipiers. Comme pour les albums précédents, le style pur "British: est omniprésent dans ce nouveau récit de Michel Oleffe basé sur des personnages créés par le Captain W.E. Johns. Toutefois, le scénario est fort prévisible, mais le fil de l’aventure et l’exotisme gardent malgré tout le dessus lors de la lecture. Quant aux dessins d’Eric Loutte, ils sont excellents avec une mise en pages dynamisée par rapport aux épisodes plus anciens.

En 1936, Biggles et ses collègues sont envoyés en Égypte afin de livrer sur place deux De Havilland DH-89 Dragon Rapide et de former des pilotes sur ce type d’avion. À peine arrivés au Caire, l’équipe est invitée pour assister à une réception à l’ambassade d’Allemagne et, discrètement, Biggles apprend du Gouverneur britannique la mission réelle qui lui est confiée : profiter de vols d’entraînement afin d’effectuer de l’observation près des frontières de la Libye et du Soudan car les Allemands semblent très actifs dans ces régions. Si l’histoire débute correctement, à partir du milieu de l’album, on quitte l’aventure aérienne pour virer dans un mélange de découverte à la Tintin, des apparitions de zombies et de la science-fiction. Certains peuvent sans doute aimer ce genre de BD, mais, personnellement je m’attends plus à rester autant que possible dans le domaine de l’aéronautique. Disons qu’il s’agit, pour moi, d’une déception. Du côté des dessins, si les avions sont très bien représentés de même que certains magnifiques décors, les personnages pêchent souvent par leur côté caricatural. De plus, j’ai eu quelques fois de la difficulté à suivre le bon ordre de la séquence des cases due à l’organisation dynamique et quelque peu confuse de celles-ci. Bref, je n’ai pas trop aimé …

L’histoire abracadabrante débutée dans l’album précédent se poursuit. Une fois encore, très peu d’aviation et beaucoup de "toute sorte d’autres choses". Bref, mon commentaire est forcément totalement identique au sujet de cet épisode de la série Biggles que pour le précédent. Donc, pas terrible selon mon appréciation personnelle !

Jack Staller est un dessinateur amateur d’aventure et d’aviation; c’est, pour est-on dire, normal, car il a vécu à proximité de l’aéroport d’Amsterdam-Schiphol. Intéressé par la Chine, il est aussi passionné de cinéma. Alors, lorsqu’il se met à la bande dessinée, il applique les techniques de scénario du septième art. Par ailleurs, les couvertures de ses albums ressemblent beaucoup à des affiches de films ! C’est donc en mélangeant tous ses intérêts que l’auteur crée "The Black Hawk Line". Il s’agit d’une compagnie de fret aérien fondée tout juste après la Seconde guerre mondiale par le colonel Paul "Blacky" Hawkins de la U.S. Air Force et qui recrute essentiellement des pilotes issus de la célèbre escadrille des Tigres Volants ayant opéré en Chine.

Le capitaine Decker, un ancien des Tigres Volants, est pris dans une queue de typhon alors qu’il approche d’Hong Kong avec son DC-4. En parlant avec son copilote, il se remémore des moments difficiles vécus durant la guerre et la disparition de deux collègues pilotes, abattus par les Japonais lors de combats aériens. Les circonstances font qu’il n’a pu aller les récupérer alors qu’il en avait fait la promesse. Une fois à Hong Kong, une situation imprévue l’amène à partir à la recherche de ses deux amis. Clairement, le scénario de cet album pourrait être celui d’un film. L’usage de flashbacks est intéressant et donne du dynamisme au déroulement de l’histoire. Quant au dessin, il est clair et les couleurs un peu pâlottes vont à merveille avec l’ambiance générale.

Deux histoires pour le prix d’une, pourrait-on dire ! En effet, l’album débute par un rêve, souvenir de la guerre contre les Japonais, que le capitaine Decker fait alors qu’il est en escale dans un pays d’Amérique latine. Mais les explosions qu’il se remémore dans son rêve le réveillent en sursaut : dehors, c’est la révolution ! Les bombes et les crépitements de mitraillette autour de l’hôtel où il réside sont bien réelles. Rapidement, avec le DC-4 de la Black Hawk Line, il se trouve impliqué dans un transport de médicaments au profit de la guérilla. Pour le scénario, l’auteur joue une fois encore habillement avec les flashbacks entre le récit actuel et le passé dans l’escadrille de Tigres Volants de Decker. Du cinéma en bande dessinée, donc.

Cet album est probablement celui de l’amitié et de l’amour, totalement improbables entre d’anciens ennemis récents. Tout juste à la fin de la Seconde guerre mondiale, dans le Japon occupé, le capitaine Decker sauve une jeune Japonaise des mains de policiers militaires américains suite à une bagarre de soldats dans un bar. Or, il s’avère qu’elle est la fille d’un pilote japonais avec qui Decker a eu un combat aérien durant la guerre. Il s’agit d’une très belle histoire où le subtil effet de flashback se révèle très approprié et bien séquencé. Un très beau travail de la part de l’auteur.

À Saigon au Vietnam, le capitaine Decker est sérieusement blessé dans un attentat dans un restaurant-cabaret alors qu’il sauve une Annamite ainsi qu’un colonel français lui faisant la cour. Alors qu’il est "sonné", il se remémore un épisode de l’époque où il volait pour les Tigres Volants en guerre contre les Japonais; un de ses camarades pilotes tombe dans les lignes ennemies et une opération de recherche terrestre est entreprise. Bien entendu, l’auteur ne déroge pas à l’utilisation de flashbacks pour que le lecteur comprenne qu’il existe, en fait, un lien entre les deux histoires. Avec ce quatrième album commence peut-être à paraître un air de "déjà vu" qui est probablement dû à l’utilisation continuelle des flashbacks. Néanmoins, l’histoire est intéressante et on la lit jusqu’au bout.

Ce nom évoque chez bien des passionnés d’aviation la série de bandes dessinées qui a très certainement déclenché l’étincelle de leur passion ou qui l’a confortée. Buck Danny est un pilote de la U.S. Air Force qui, flanqué de ses inséparables ailiers Jerry Tumbler et Sonny Tuckson, vit une série d’aventures le conduisant aux quatre coins du monde aux commandes de son avion de combat. Le trio sera de tous les conflits où il vivra des histoires à couper le souffle. Issue de l’imagination de Jean-Michel Charlier, de Georges Troisfontaines et de Victor Hubinon, la série est empreinte de réalisme car basée sur une documentation rigoureuse et fouillée. Après le décès du scénariste Jean-Michel Charlier et de son fidèle dessinateur Victor Hubinon, c’est Francis Bergèse qui reprend avec brio la succession et qui réussit à garder la lignée des albums précédents tout en l’empreignant de modernisme. Mais, à partir du No. 53, une nouvelle équipe constituée de Frédéric Zumbiehl au scénario et de Francis Winis aux dessins reprend le flambeau. Ainsi, l’histoire de Buck Danny perdure bon nombre d’années après la disparition de leurs trois créateurs.

Voir aussi : Buck Danny Classic.

Le premier recueil débute par une préface expliquant l’origine de Buck Danny au terme de la Seconde guerre mondiale par ses trois "pères" : Georges Troisfontaines, Victor Hubinon et Jean-Michel Charlier, ce dernier remplaçant rapidement Troisfontaines au scénario ainsi qu’à certains dessins. Au début de chaque épisode, une page explique le contexte de la réalisation de ceux-ci. La première histoire rassemble les titres "Les Japs attaquent" et "les Mystères de Midway". Elle débute à New York en juillet 1941 alors que Buck Danny se cherche un emploi comme ingénieur. Après plusieurs tentatives infructueuses, il se fait embaucher sur un chantier naval de Pearl Harbour. Le 7 décembre, c’est l’attaque aérienne japonaise contre l’immense base américaine et notre héros s’y trouve confronté. Une case plus tard (!), on retrouve Buck Danny ayant obtenu le grade de capitaine et engagé comme pilote sur le porte-avions USS Yorktown. Je trouve, d’ailleurs, cette transition un peu brutale … On aurait peut-être aimé avoir une page ou deux montrant l’entraînement du pilote. Toujours est-il qu’il prend part à la bataille de la mer de Corail, puis à celle de Midway. Voilà une façon très intéressante d’apprendre l’histoire en mélangeant les aventures fictives d’un héros imaginaire à des faits réels ayant bien existé. Au début de l’épisode "La revanche des Fils du Ciel", on retrouve Buck Danny au repos chez sa mère lorsque l’état-major le convoque pour aller se battre avec les Tigres volants en Chine. En cours de route, il fait connaissance avec Jerry Tumbler qui lui en veut car le commandement des Tigres volants lui était initialement destiné. Il fraternise aussi immédiatement avec Sony Tuckson (avec un seul "n" à Sonny à l’époque !) qui se révèle dès le départ comme un gaffeur et le petit comique de service; il en sera de même pour de très longues années tout au long de la série ! Mais au cours de leur périple les conduisant en Chine, les nouveaux pilotes des Tigres volants se font systématiquement attaquer par les Japonais. On soupçonne donc la présence d’un traître dans l’équipe renseignant continuellement l’ennemi sur leurs déplacements. Au niveau du bilan général de ces trois premiers épisodes, au fur et à mesure de l’évolution de l’histoire, on constate une très nette amélioration de la qualité du dessin. Quant au scénario, hormis peut-être les toutes premières pages, il s’avère excellent et c’est ainsi que le succès de la série a débuté. Souvent, aussi, en bas de page, on peut trouver une brève description, par exemple, des avions utilisés. C’est le cachet "didactique" qui deviendra également une marque de commerce de cette bande dessinée. Enfin, le recueil se termine par une histoire réalisée en 10 pages en noir et blanc s’intitulant "L’agonie du Bismarck" et qui marqua le début de la longue collaboration entre Jean-Michel Charlier et Victor Hubinon. Il s’agit d’un récit historique méticuleusement détaillé. Par contre, à certains endroits, la reproduction laisse quelque peu à désirer. Mais il s’agit d’une archive, ne l’oublions pas.

Ce recueil reprend l'intégralité des albums : "Les Japs attaquent" (1), "Les Mystères de Midway" (2) et "La revanche des Fils du Ciel" (3).

Dans ce deuxième recueil "Tout Buck Danny", nous retrouvons les trois compères, Danny, Tumbler et Tuckson au sein des Tigres Volants opérant en Chine contre les Japonais. Des plans capitaux, qui devraient permettre le déclenchement d'une offensive décisive dans la région, doivent être acheminés depuis les Indes jusqu'en Chine. Aidés par un pilote chinois, Tao, et une infirmière, Susan Holmes, les trois militaires se lancent dans une folle aventure qui les mènera dans différentes contrées, de la jungle à la baie d'Along, ou encore dans les régions montagneuses de la Birmanie, continuellement poursuivis tantôt par des troupes japonaises, tantôt par des espions portant la marque du Dragon Noir. Cette histoire est un réel suspense qui nous tient en haleine tout au long des trois albums qui composent cette seconde série traitant de la Seconde Guerre Mondiale.

Ce recueil reprend l'intégralité des albums : "Les Tigres Volants" (4), "Dans les griffes du Dragon Noir" (5) et "Attaque en Birmanie" (6).

Une fois démobilisés après la Seconde guerre mondiale, Danny et Tumbler se rencontrent par hasard alors qu’ils sont tous les deux à la recherche d’un emploi. Seul Tuckson s’est trouvé un job de serveur dans un restaurant italien dans lequel aboutissent par coïncidence les deux premiers. Les retrouvailles étant faites, les trois compères décident d’unir leurs efforts afin de trouver un travail de pilote dans le civil. Mais les temps sont difficiles et la seule offre qu’ils reçoivent vient d’une compagnie un peu louche, l’Arabian Airways. Ils acceptent malgré tout et sont invités à se rendre par leurs propres moyens à Port-Saïd en Égypte. Après avoir vécu quelques aventures durant leur déplacement, les trois pilotes sont transférés à la base de Makka où l’Arabian Airways opère de vieux DC-3 mal entretenus dans tout de sorte de trafics illégaux. Bien entendu, ils décident de vouloir quitter la compagnie et de la dénoncer aux autorités, mais, bien évidemment, leurs dirigeants ne l’entendent pas de cette oreille. L’histoire s’écoule sur les trois albums du recueil et, à aucun moment, on a l’impression que les auteurs ont tirés sur l’élastique. Les actions succèdent aux actions. Si dans les deux premiers titres "les trafiquants de la mer Rouge" et "les pirates du désert", Buck Danny et ses deux acolytes volent exclusivement sur des appareils civils, dans "les gangsters du pétrole", ils revolent sur des Mustang et Spitfire abandonnés par les Anglais et reprennent du service pour le compte du Cheik Chekri-el-Mhaadi. À noter aussi que les dessins de Victor Hubinon au cours de ces trois épisodes démontrent une maturité dans le style qui deviendra sa marque de commerce tant dans la série Buck Danny que dans d’autres bandes dessinées auxquelles il participera. Comme pour chaque recueil, chaque épisode qu’il contient est commenté à l’aide d’une page d’explications. Au terme de la diffusion de ces trois albums où Buck Danny, Sonny Tuckson et Jerry Tumbler sont devenus des pilotes civils, beaucoup de lecteurs envoyèrent des lettres aux auteurs afin que leurs héros réintègrent les forces armées américaines. Le message sera bien compris …

Ce recueil reprend l'intégralité des albums : "Les traficants de la Mer Rouge" (7), "Les pirates du désert" (8) et "Les gagnsters du pétrole" (9).

Durant les années 1950, les jets à réaction font leur apparition au sein de la U.S. Air Force. Nos trois amis pilotes, tout en cherchant à monter leur propre compagnie d’aviation, se font inviter par une ancienne connaissance à la base d’essais en vol de Springfield. Et là, il est difficile de résister à l’attrait de pouvoir dompter ces nouvelles machines aux performances révolutionnaires. Ils se font donc réintégrer dans l’armée et leur expérience est immédiatement mise à contribution pour tester de nouveaux prototypes. Bien entendu, quelques séjours à l’hôpital feront partie du lot quotidien de cette nouvelle vie exaltante. Une fois les prototypes testés aux État-Unis, il faut ensuite les essayer en combat réel. Danny, Tumbler et Tuckson sont donc expédiés, non sans mal, en Corée pour vérifier les aptitudes des nouveaux jets face aux Mig sino-coréens. Mais, une fois arrivés sur place, ils se trouvent face à un adversaire impitoyable que les Américains appellent "Ivan le Terrible". Ceux qui s’y sont frottés y ont perdu la vie. Faisant preuve d’une témérité audacieuse, Buck Danny, aidé par ses acolytes, va tenter d’en percer le mystère.

Ce recueil reprend l'intégralité des albums : "Pilotes d'essai" (10), "Ciel de Corée" (11) et "Avions sans pilotes" (12) ainsi que trois récits inédits publiés dans "Risque-Tout".

Buck Danny et ses deux coéquipiers sont transférés à la U.S. Navy et affectés sur le porte-avions USS Valley Forge croisant au large de la Corée. Si pour le premier, il s’agit d’un retour aux sources, pour Tumbler et Tuckson, il s’agit d’une nouveauté. Dans l’album "Un pilote n’est pas rentré", il n’y a pas réellement d’intrigue ou de sujet unique, mais bien une succession de petites histoires indépendantes qui ont pour but d’initier le lecteur au monde de l’aviation embarquée sur porte-avions et à l’entraînement spécifique que doivent subir les pilotes pour être en mesure d’opérer en mer. Ceci est dû au fait que Jean-Michel Charlier a été obligé de modifier le scénario en cours de route pour éviter la censure en France concernant la Guerre de Corée. Bien entendu, le récit sérieux et quasi didactique est entrecoupé par les continuelles pitreries et gaffes de Sonny Tuckson, une constante dans tous les albums de la série. Dans "Patrouille à l’aube", on retrouve un vrai bon scénario à la Jean-Michel Charlier. Un bref message de détresse est perçu par les radios du USS Valley Forge. Une étrange épave d’un vieux PBY Catalina datant de la guerre est localisée par les avions de recherche. Un hélicoptère, avec à bord notre trio ainsi qu’un médecin, se rend sur les lieux du crash. Mais une fois sur place, les aviateurs découvrent que l’épave est prête à être dynamitée … Le sujet qui sert de toile de fond à cette épisode, à savoir un trésor des nazis englouti dans un sous-marin qui a sombré au terme de la Seconde guerre mondiale en tentant de rejoindre le Japon, est assez classique. Mais le scénario qui a été développé à partir de cette idée est fort intéressant et solide. De plus, le suspense est intense tout au long de l’album. Un grand cru, selon moi. Après la chaleur du Pacifique, au début de "NC-22654 ne répond plus", le USS Valley Forge est envoyé pour des exercices dans le Grand Nord. Mais Buck Danny est appelé à Washington pour témoigner en faveur d’un pilote qu’il connaît bien et qu’il a eu sous ses ordres : un certain Bolton. Ce dernier est accusé d’avoir abandonné son équipage au cours d’une opération de sauvetage dangereuse et d’avoir ignoré les ordres de ses supérieurs. Finalement, la cour le radie et sans le sou, il est contacté pour un travail pas très clair de pilote. Simultanément, dans l’Arctique, un Lockheed Constellation de transport se fait abattre par des pirates. Bien entendu, Buck Danny et ses deux coéquipiers se portent volontaires pour résoudre cette énigme. Avec cet épisode, on poursuit dans la lignée des bons scénarios, techniquement crédibles et diversifiés, issus de l’imagination de Jean-Michel Charlier et qui mêlent adéquatement aéronautique, intrigue policière et, dans ce cas-ci, aventures polaires. « Pilotes de porte-avions » est donc un excellent recueil de trois bons albums de la série "Tout Buck Danny".

Ce recueil reprend l'intégralité des albums : "Un avion n'est pas rentré" (13), "Patrouille à l'aube" (14) et "NC-22654 ne répond plus" (15).

Comme le titre nous le laisse supposer, deux albums de ce recueil auront pour cadre le froid du Grand Nord tandis que les deux autres se dérouleront dans la chaleur moite de Malaisie. Au nord, tout d’abord, alors que les États-Unis mettent au point leur nouvelle génération de missiles nucléaires sur la base secrète de Target Zero dans l’Arctique, une organisation occulte essaye d’en percer les secrets en organisant des vols de reconnaissance par des jets dépourvus de toute marque de nationalité. Le porte-avions USS Valley Forge est donc envoyé à la rescousse et une de ses escadrilles est déployée à Target Zero pour en assurer la protection. C’est là que Buck Danny fait face, pour la première fois, à Lady X, l’espionne créée par Jean-Michel Charlier, mais inspirée par la célèbre aviatrice allemande Hanna Reitsch. À Fairbanks, lors d’un entraînement sur F-100 Super Sabre, Buck Danny se fait enlever par Lady X. Les affaires étant réglées dans le nord, le porte-avions USS Valley Forge se trouve maintenant à Manille quand une mission émanant des Nations Unies lui est confiée : aller éradiquer une puissante organisation pirate établie en Malaisie qui trafique armes et drogues en toute impunité. À la veille de la mousson interdisant toute opération en mer, une escadrille du porte-avions, commandée par Buck Danny, est détachée à terre sur un ancien aérodrome japonais de la Seconde Guerre Mondiale. Mais le mauvais sort semble s’acharner sur les Américains …

Ce recueil reprend l'intégralité des albums : "Menace au Nord" (16), "Buck Danny contre Lady X" (17), "Alerte en Malaisie" (18) et "Le tigre de Malaisie" (19) ainsi que trois fantaisies humoristiques inédites.

La première histoire de ce recueil reprend le contenu des albums "SOS soucoupes volantes" et "un prototype a disparu". Elle débute par Sonny Tucson qui n’est pas peu fier de sa promotion en tant que capitaine et de vacances pour les trois pilotes qui sont rapidement compromises. En effet, une nouveau prototype d’avion à décollage et atterrissage verticaux (VTOL-Vertical Take-off and Landing) est mis au point pour la U.S. Navy, mais un puissant groupe d’espionnage international souhaite mettre la main dessus. Afin d’éviter toute indiscrétion et fuite, les essais se déroulent à bord du porte-avions USS Forrestal croisant dans une zone désertique de l’océan Pacifique. Une équipe de pilotes d’essai commandée par Buck Danny est mise sur pied et est expédiée dare-dare sur le porte-avions. Mais le fils de l’un des pilotes, le Lieutenant Charlie Lester, est enlevé par les espions … À l’époque où cette aventure a été imaginée par les auteurs, les grandes puissances aéronautiques essayaient à peu près toutes de mettre au point des avions VTOL, généralement avec plus de catastrophes que de réussites, mis à part le Harrier britannique. L’avion représenté dans l’histoire n’existe pas, mais est malgré tout inspiré du Convair XFY-1 Pogo. Quant aux "soucoupes volantes", ce n’est pas pour annoncer un album science-fiction comme c’est le cas dans d’autres séries comme Dan Cooper ou Missions Kimono. Enfin, à certains moments, les images allant plus vite que le texte, on trouve quelques pages sans aucune action. La seconde histoire rassemble les titres "Top secret" et "Mission vers la vallée perdue". Alors que Buck Danny et ses ailiers sont envoyés à Shiram en Inde afin de faire la promotion de leurs Cougar, un mystérieux messager les contacte afin de les rencontrer. Malheureusement, celui-ci est assassiné à l’arrivée des trois pilotes américains. Toutefois, ces derniers, récupèrent un moulin à prières contenant des informations secrètes au sujet du savant allemand Von Brantz, spécialiste dans la conception de fusées ayant disparu mystérieusement après la Seconde guerre mondiale. Sous l’aspect de simples civils ayant acquis une petite compagnie d’aviation générale établie au pied de l’Himalaya, ils partent à la recherche du savant. Mais ils ne sont pas les seuls … Le scénario de ces deux albums est original et sort un peu de l’ordinaire. On quitte, donc, le temps de leur lecture, les vapeurs de kérosène des jets pour celles de l’Avgas utilisés par des avions nettement moins performants que sont le Beechcraft 18, le Bellanca 14-7 ou le Westland Lysander. Certains appareils soviétiques feront également leur apparition à plusieurs reprises tout au long de cette aventure vécue par les trois compères. À noter le lien entre l’imaginaire Von Brantz de l’histoire et Wernher von Braun, expert des V-2 qui a ensuite collaboré avec les Américains pour développer leur programme spatial. Le recueil s’achève avec deux planches humoristiques datant de 1969 intitulées "Mission spéciale" montrant que les auteurs étaient aussi capables de dérision.

Ce recueil reprend l'intégralité des albums : "S.O.S. soucoupes volantes" (20), "Un prototype a disparu" (21), "Top Secret" (22) et "Mission vers la vallée perdue" (23) ainsi qu'un récit humoristique inédit.

"Prototype FX-13" et "Escadrille ZZ" sont deux titres qui relatent l’évaluation par une escadrille de pilotes chevronnés de la U.S. Navy chargés de tester deux prototypes dont un seul sera ultimement commandé par la marine américaine. C’est ainsi qu’à la base des essais en vol de Patuxent River, Buck Danny prend le commandement de l’Escadrille ZZ, où l’on trouve aussi ses fidèles ailiers Tumbler et Tuckson, mais également Slim Holden et quelques autres aviateurs "moustachus". Les deux appareils mis en compétition sont le Mac Dougall FX-12 et le FX-13 proposé par un ingénieur indépendant, Nichols. Mais bien que ce dernier soit supérieur sur le plan des performances, une multitude d’ennuis ainsi qu’un crash mortel émaillent les essais de cet avion. Le scénario de ces deux albums est un sujet récurrent chez Jean-Michel Charlier. On le retrouve dans plusieurs épisodes de la série Buck Danny, mais également chez Tanguy et Laverdure. Néanmoins, l’histoire est bien séquencée, incluant, bien entendu, les immanquables gaffes de Sonny Tuckson. Quant aux deux avions, s’ils portent des dénominations fictives, le FX-12 ressemble assez fort à un mélange de McDonnell F3H Demon (qui s’avéra être un "citron") et de F-4 Phantom II. Le FX-13, par contre, n’est ni plus ni moins que le magnifique North American A-5 Vigilante. Avec le troisième album de ce recueil, "X-15", on quitte l’ordre bien établi de la séquence de parution, puisque de l’épisode No. 25 on saute directement au No. 31 afin de conserver une thématique "prototypes". Les vacances du trio d’aviateurs sont interrompues avant même qu’elles ne puissent débuter réellement. En effet, les trois pilotes sont convoqués au Naval Air Station de Johnsville, PA, afin d’y subir un entraînement poussé en vue de piloter l’avion-fusée expérimental X-15. Mais, celui-ci, pour des raisons inexpliquées, a causé la mort d’un pilote d’essai quelques temps auparavant. Etant informés de la chose, ceci ne change en rien la motivation de Danny, Tumbler et Tuckson qui désirent absolument piloter cet engin extraordinaire. Une fois leur entraînement préliminaire achevé, ils sont envoyés à la base d’Edwards, CA, où Bob Light leur enseigne la formation spécifique sur l’X-15, extrêmement complexe et pointue. Un peu plus tard, ce dernier effectue un vol sur un des prototypes … On imagine que, dans l’esprit de Jean-Michel Charlier, il était impensable que Buck Danny ne vole pas sur le North American X-15, un appareil qui a servi de banc d’essais pour la recherche spatiale et le développement, bien plus tard, des navettes spatiales. Cet album est très réussi, même si l’histoire est dans le "moule Charlier". Le subtil mélange de documentaire, d’espionnage, de suspense et d’aventure est admirablement bien orchestré. Ce n’est pas pour rien que cet album est un de mes favoris. Le recueil se termine par un petit récit humoristique intitulé "Une incroyable histoire" où apparaît un certain … Gaston Lagaffe !

Ce recueil reprend l'intégralité des albums : "Prototype FX-13" (24), "Escadrille ZZ" (25) et "X-15" (31) ainsi qu'une fantaisie humoristique inédite "Une incroyable histoire".

Dans une série de trois albums, Charlier et Hubinon, contournent une interdiction d’utilisation de la guerre du Vietnam comme thème pour leurs albums. Qu’à cela ne tienne, on invente le royaume du Viet-Tân, situé à côté du Laos et qui est aux prises avec une rébellion appuyée par une importante organisation internationale occulte. Cette dernière envoie, d’ailleurs, une importante flotte de jets militaires pilotée par des mercenaires sous le commandement de nulle autre que Lady X. Le porte-avions USS Saratoga, à bord duquel se trouve Danny, Tumbler, Tuckson ainsi que le quatrième homme, Slim Holden, se met en route vers cette région d’Asie. Les États-Unis ne pouvant intervenir ouvertement, on fait renaître les Tigres Volants comme dans le bon vieux temps. Ce sont les avions du Saratoga qui, repeints au couleurs de cette organisation fondée par Claire Lee Chennault, sont expédiés au Viet-Tân pour aller contrer les attaques des mercenaires de Lady X. Évidemment, l’histoire est truffée de rebondissements et s’avère être, une fois encore, un subtil mélange d’espionnage, d’opérations militaires, d’exotisme et d’aventures qui sont la marque de commerce du scénariste Jean-Michel Charlier.

Ce recueil reprend l'intégralité des albums : "Le retour des Tiges Volants" (26), "Les Tigres Volants à la rescousse" (27) et "Tigres Volants contre pirates" (28) ainsi que deux fantaisies humoristiques inédites.

La première partie de ce recueil reprend l’histoire couverte par les albums "Opération Mercury" et "Les voleurs de satellites". On est à l’époque où la conquête spatiale représente un enjeu majeur pour les deux grandes puissances mondiales. Du côté des Américains, c’est le programme Mercury qui en cours. Il est le précurseur des missions Apollo qui permettront à quelques astronautes de fouler le sol lunaire. Buck Danny et ses deux amis sont affectés à bord du porte-avions USS Forrestal qui est en charge de mener à bien la récupération en mer de la capsule Mercury et de son astronaute, le Capitaine Dayton au terme de leur vol spatial. De son côté, Sonny Tuckson tombe irrémédiablement amoureux d’une chanteuse de cabaret, Miss Lulu Belle. Mais une puissance étrangère inconnue, disposant de moyens colossaux, souhaite s’emparer de la capsule Mercury et de son astronaute. Pour ces deux épisodes, Jean-Michel Charlier ne fait pas dans le détail. Malgré quelques invraisemblances techniques, la trame de l’histoire est très bien faite, mêlant aventure et espionnage, le tout dans un contexte actuel pour l’époque. Ces deux albums ont aussi la particularité de mettre dans l’action des Grumman F-11 Tiger, un avion qui a eu une carrière opérationnelle très courte (quatre ans !) au sein de la U.S. Navy et que l’on retrouvera, plus tard, dans les deux épisodes consacrés aux « Blue Angels ». À noter que le style de la couverture des "Voleurs de satellites" réalisée par Victor Hubinon diffère de celles de la majorité des autres albums. La suite du recueil continue avec l’album "Alerte à Cap Kennedy" puisque "X-15" a déjà été repris sous le titre "Pilotes de prototypes" décrit plus haut. Dans cet épisode, Buck Danny, Tumbler et Tuckson sont invités à suivre le tir d’une fusée Saturn sur le site de la NASA à Cap Kennedy en Floride. Mais la trajectoire de celle-ci est déviée par un puissant émetteur clandestin situé dans les Caraïbes. Au départ de la base voisine de Patrick Air Force Base, les trois pilotes, non sans difficultés, vont tenter de localiser la station de guidage clandestine. Voilà un autre excellent scénario de Jean-Michel Charlier qui tient, cette fois-ci, en un seul album. Ici aussi, le trio de pilotes vole sur deux types de jets assez rares puisqu’il s’agit de North American RA-5 Vigilante et de McDonnell RF-101 Voodoo. Par la suite, pour opérer une mission secrète, ils utiliseront aussi un Beechcraft 80 Queen Air civil. "Le mystère des avions fantômes", le quatrième titre de ce recueil, est pour moi l’un des meilleurs épisodes de la série. Buck Danny et Tumbler rejoignent la base navale de Scalant où ils doivent embarquer à bord de l’USS Enterprise, le fameux "Big E", avec Tuckson. Or ce dernier effectue une arrivée assez spectaculaire à la base et provoque une rencontre fortuite avec Slim Holden, le quatrième homme de la série. Peu de temps après, ce dernier disparaît pour une base inconnue des services : Amarillo. Une fois l’Enterprise en mer en direction de l’Arctique, les déplacements ainsi que les vols au départ de celui-ci sont suivis par une puissance étrangère renseignée par un espion embarqué à bord. Par ailleurs, au cours de plusieurs missions, les pilotes du bord sont mystérieusement confrontés à des avions inconnus et non identifiés capables d’évoluer à une vitesse de Mach 4 ! Pour cet épisode, Jean-Michel Charlier, toujours admirablement documenté même au sujet du matériel militaire américain le plus récent de l’époque, nous propose une rencontre exceptionnelle avec le Lockheed A-12, précurseur du SR-71 Blackbird, qui nous tiendra en haleine jusqu’à la dernière page. Au terme des quatre titres réguliers fort sérieux, le lecteur trouvera un récit humoristique intitulé "Pilote d’espace" qui prouve que Victor Hubinon était capable de franche autodérision !

Ce recueil reprend l'intégralité des albums : "Opération Mercury" (29), "Les voleurs de satellites" (30), "Alerte à Cap Kennedy" (32) et "Le mystère de avions fantômes" (33) ainsi qu'un récit hunoristique inédit.

Deux histoires dans ce recueil de quatre titres. Tout d’abord, le duo "Alerte atomique" et "l’Escadrille de la mort" est un autre chef d’œuvre de scénario de Jean-Michel Charlier. Un Vigilante de l’USS Enterprise transportant une bombe nucléaire s’écrase au Mantegua, une république sud-américaine en proie à une guerre civile. Immédiatement, une opération de récupération de l’engin atomique est organisée, mais trop tard, car le général rebelle Diaz a mis la main dessus et compte bien l’utiliser contre son rival gouvernemental Guttirez. Toutefois, afin de mener cette opération, il fait recruter des pilotes mercenaires par un certain Guenther, un escroc opérant à partir de la Colombie. Buck Danny, Tumbler et Tuckson, sous des noms d’emprunt, se font engager et espèrent récupérer la fameuse bombe. Parmi les scènes spectaculaires totalement inspirées de la vérité, il y a l’opération de récupération de Buck Danny dans la jungle par un Lockheed HC-130 Hercules (parfois dénommé à tort C-141 dans le texte). Malheureusement, le dessin de l’appareil est souvent caricatural, mais ceci n’altère en rien l’histoire. Dans l’épisode "l’Escadrille de la mort", ce sont de vénérables bombardiers Martin B-26 Marauder qui sont mis en évidence. Aux pages 30 à 40, on peut constater que Victor Hubinon, malade, a été remplacé par un certain Pascal afin qu’il n’y ait aucun délai dans la parution dans le journal Spirou. Les deux épisodes suivants voient Buck Danny devenir leader de la célèbre patrouille des "Blue Angels" équipée, alors, du Grumman F-11 Tiger. Devant se rendre à Karachi pour effectuer la représentation des États-Unis dans le cadre d’un contrat potentiel avec la Force aérienne pakistanaise, la lutte sera serrée avec la patrouille soviétique féminine. Mais un troisième joueur, aidé par Lady X, tente d’empêcher les Blue Angels de participer au gigantesque meeting aérien organisé par les Pakistanais. Jean-Michel Charlier ne pouvait pas passer à côté de l’occasion de mettre son héro, flanqué de ses deux inséparables collègues renforcés par Slim Holden, à la tête de la célèbre patrouille acrobatique de la U.S. Navy. Le scénario des "Anges Bleus" et du "Pilote au masque de cuir", parfois fort prévisible, est toutefois bien ficelé, le suspense demeurant entier jusque dans les dernières pages. Particularité de ces deux titres, la leçon de morale au sujet du racisme sévissant envers les Noirs aux États-Unis est unique dans cette série BD. Comme quoi, on peut aussi faire passer certains messages. Quant aux trois dernières planches du "Pilote au masque de cuir", elles ont été dessinées par Daniel Chauvin, un jeune dessinateur français en remplacement d’Hubinon qui était malade et ne pouvait pas terminer l’album dans les délais impartis. Enfin, tout comme c’était le cas dans le recueil précédent, le lecteur peut découvrir une autre histoire humoristique de Victor Hubinon au terme des quatre albums "sérieux".

Ce recueil reprend l'intégralité des albums : "Alerte atomique" (34), "L'Escadrille de la mort" (35), "Les Anges Bleus" (36) et "Le pilote au masque de cuir" (37) ainsi qu'un récit humoristique inédit.

Sonny Tuckson se fait surprendre par un ouragan et se retrouve en panne de carburant avec son Crusader au-dessus du Sultanat du Sarrawak sur l’île de Bornéo. Il est forcé de s’éjecter, mais un commando essaie de l’anéantir. Il parvient de justesse à s’échapper. Une opération de secours est entreprise par les collègues du pilote américain depuis le porte-avions U.S.S. Ranger, mais ceux-ci sont abattus par des Saab Draken portant des cocardes inconnues. Après avoir survécu à l’écrasement de leur hélicoptère, Danny et Tumbler retrouvent Tuckson et, ensemble, ils découvrent une immense vallée où l’on cultive le pavot à une échelle industrielle, de quoi alimenter la moitié de la planète en drogue. Bien entendu, les trois pilotes de la U.S. Navy vont tout mettre en œuvre pour rejoindre leur porte-avions et mettre en branle une opération visant à anéantir cette culture illicite. Le scénario de ces trois épisodes est intéressant bien qu’émaillé de quelques petites erreurs et invraisemblances. Une succession de rebondissements allant crescendo nous tient en haleine jusqu’aux dernières pages. Mis à part l’idée de la base secrète et de l’intervention de Lady X à la fin, la trame de l’histoire est originale. Par ailleurs, un des aspects inédits des trois albums "anti-mafia" est que l’action couverte par ceux-ci se déroule théoriquement en quelques jours, mais, entre "La Vallée de la Mort Verte" et "Ghost Queen", tous les aéronefs du U.S.S. Ranger ont été renouvelés ! En fait, ceci vient du fait que le premier épisode a été réalisé en 1973 (on y voit donc des McDonnell F-4 Phantom II, Vought F-8 Crusader ou Sikorsky H-34), le second en 1977 et le troisième en 1979 (où les Grumman A-6 Intruder, Vought A-7 Corsair II, Grumman E-2 Hawkeye et Sikorsky H-3 Sea King ont succédé aux précédents). Les auteurs ont donc préféré suivre l’évolution du matériel de la U.S. Navy durant les six années écoulées plutôt que de demeurer homogènes avec le cours de l’histoire. À noter que "Ghost Queen" est le dernier album à avoir été dessiné par Victor Hubinon avant son décès intervenu le 8 janvier 1979. Il est curieux, aussi, de voir que le dessin de plusieurs modèles d’hélicoptères Sikorsky au cours des trois épisodes est plus que caricatural, alors que celui des avions est, en général, très réussi. À la suite des trois titres "La Vallée de la Mort Verte", "Requins en mer de Chine" et "Ghost Queen", on trouvera également dans ce recueil quatre autres récits historiques fort intéressants qui sont l’œuvre de Victor Hubinon. Le premier, "Le pilote solitaire", raconte un épisode de combats aériens effectués par l’as canadien Billy Bishop durant la Première guerre mondiale. "Hodgkinson, l’infirme" relate l’histoire d’un pilote qui, comme Douglas Bader, a perdu ses deux jambes, mais qui, à force de volonté pilote un Spitfire durant la Seconde guerre mondiale. Le récit "Une saucisse salée" raconte l’attaque d’un ballon d’observation soviétique par un Messerschmitt BF.109 en Finlande. Quant au "13", il s’agit d’un pilote allemand qui n’achevait pas les ennemis qu’il touchait.

Ce recueil reprend l'intégralité des albums : "La Vallée de la Mort Verte" (38), "Requins en Mer de Chine" (39) et "Ghost Queen" (40) ainsi que quatre récits historiques inédits.

Des terroristes du FIGAR préparent soigneusement une opération baptisée « Apocalypse » en effectuant des vols et des holdups aussi audacieux que payants. Simultanément, ils arrivent à attirer un Boeing B-52 Stratofortress du Strategic Air Command dans un traquenard, l’abattent et récupèrent les bombes nucléaires qu’il transporte. Il ne reste maintenant plus, pour eux, qu’à trouver des jets pouvant les acheminer et les larguer rapidement sur les lieux de l’opération "Apocalypse". L’occasion se présente lors de festivités aéronautiques célébrant le 25ème anniversaire de la Force aérienne du Managua, petit pays d’Amérique latine politiquement quelque peu instable. En effet, Buck Danny et ses coéquipiers Tumbler et Tuckson sont envoyés sur place pour représenter les États-Unis avec leurs Grumman F-14 Tomcat. C’est donc bien tentant pour Lady X, mandatée par le FIGAR, d’aller dérober les trois avions au nez et à la barbe des Américains. Toute cette histoire, très dynamique et pleine de rebondissements, fait partie d’une trilogie de trois albums issus de l’imagination de Jean-Michel Charlier : "Mission Apocalypse", "Les Pilotes de l’Enfer" et "Le Feu du Ciel". Pour les amateurs de cette bande dessinée, il s’agit d’un tournant dans l’histoire de la série. En effet, après le décès de Victor Hubinon en 1979 au terme du 40ème album, il fallait trouver un dessinateur de talent capable de prendre sa relève et, surtout, d’être à sa hauteur. En 1980, Jean-Michel Charlier contacta Francis Bergèse, et ce fut le déclic. Ce dernier releva le défit haut la main et c’est ainsi qu’il réalisera les albums 41 à 52 pour le plus grand bonheur des inconditionnels de Buck Danny.

Ce recueil reprend l'intégralité des albums : "Mission Apocalypse" (41), "Les Pilotes de l’Enfer" (42) et "Le Feu du Ciel" (43).

Un MiG-29 soviétique surprend tout les systèmes de défense des États-Unis en Alaska et même Buck Danny et Sonny Tuckson à bord de leurs F-18 Hornet manquent son interception. L’avion se pose à la base d’Elmendorf sans être vraiment inquiété et son pilote, le colonel Pavel Ouchinsky, demande l’asile politique et se dit prêt à livrer des informations au sujet de la défense soviétique ainsi que sur le MiG-29, le dernier cri des chasseurs de l’autre côté du Rideau de fer. Discrètement, le pilote est transféré à bord du porte-avions USS Kennedy où Buck Danny et ses compères le prennent en charge. Voici donc un autre chef-d’œuvre réalisé par le binôme Charlier-Bergèse. La trame de l’histoire imaginée par Jean-Michel Charlier tient le lecteur en haleine jusqu’à la fin de l’album. Hélas, ce sera la dernière aventure complète de Buck Danny réalisée par le célèbre scénariste avant son décès.

Après le décès de Jean-Michel Charlier, un des trois "pères" de la série et scénariste de celle-ci, Jacques de Douhet reprend le flambeau pour ce nouveau titre. L’histoire se déroule à une époque trouble de l’U.R.S.S. en pleine Glasnost et perestroïka alors que des groupuscules veulent renverser Gorbatchov et le pouvoir en place. Buck Danny est invité par l’aéronavale soviétique à visiter le nouveau porte-avions "Kousnetzov" et, bien malgré lui, va se trouver comme étant un vecteur d’une tentative de coup d’état. Disons que le scénario est assez complexe et un peu à tirer par les cheveux, à mon sens. Mais, bon … Pour le dessinateur Francis Bergèse, par contre, cet album est l’occasion de dessiner des aéronefs soviétiques et le résultat est absolument excellent. On notera l’apparition d’un ekranoplan de la classe "Orlan" dont on peut voir un exemplaire sous le nom d’Orlyonok à Moscou à l’heure actuelle.

Tirage limité "collection" :
	Une édition limitée de ce titre, tirée à 300 exemplaires pour les collectionneurs, a également été diffusée. Il s’agit d’un album grand format en noir et blanc reprenant l’ensemble des planches de l’album, plus huit pages de croquis, dessins et de textes réalisés et écrits par les auteurs. Chaque exemplaire est numéroté, dédicacé par les auteurs et est accompagné d’un fac-similé sérigraphié d’une planche de l’album au format 50 x 70 cm. Scénario : Jacques de Douhet - Dessins : Francis Bergèse. Librairie B.D. Images, Éditions Dupuis, Bruxelles, Belgique, 1994, 56 pages. ISBN 2-8001-2095-9.
Fac-similé sérigraphié de la planche #13 :
Photo Luc Dujardin.

Après l’épisode de Douhet au scénario de l’album 45, Francis Bergèse se trouve maintenant seul aux commandes à la fois pour le dessin où il excelle et en qualité de scénariste où il débute. Et pour cette première, il prend comme contexte de l’histoire l’interminable siège de Sarajevo où les Nations Unies et l’OTAN pataugent lamentablement à prendre une décision d’attaquer les positions serbes malgré la crise humanitaire qui règne dans la ville. Donc, dans ce 46ème épisode des aventures de Buck Danny, le gouvernement américain met ses culottes et crée une escadrille composée de 16 Lockheed F-16 Fighting Falcon anonymes chargée d’effectuer une attaque sur les positions serbes après que plusieurs avions alliés se soient fait abattre par celles-ci, dont des F-18 Hornet de la U.S. Navy. Des pilotes sont recrutés parmi ceux des forces américaines qui ont commis des fautes graves, dont Sonny Tuckson. Mais des MiG-29 mystérieux viennent quelque peu perturber les opérations … Le scénario est, évidemment osé mais demeure malgré tout assez réaliste. Pour l’occasion, Francis Bergèse, ramène des idées "qui se vendent bien" comme une base secrète de Lady X, le retour de la tête brûlée de Slim Holden parmi les pilotes de l’Escadrille fantôme et l’apparition de Cindy McPherson, une femme pilote de F-18 de la U.S. Navy dont le rôle est ici un peu moins crédible. Quant aux dessins, ils sont fantastiques et certaines cases rappellent clairement le "style Hubinon".

Il y a quelques années, lors d’une présence au Managua, un pays d’Amérique latine, deux Grumman F-14 Tomcat avaient été volés à la U.S. Navy durant un spectacle aérien (voir Mission Apocalypse). Buck Danny et ses deux collègues sont maintenant expédiés dans ce pays afin de former des pilotes militaires sur Boeing F-18 Hornet, un avion acquis par le Managua pour remplacer les Lockheed F-104 Starfighter vieillissants de sa force aérienne. Mais, discrètement, à la demande du gouvernement US, les trois pilotes doivent également enquêter au sujet d’un cartel de la drogue disposant d’avions MiG-23 et établi dans une région montagneuse de la Cordillère. Et comme le président ainsi que les dirigeants des forces armées sont corrompus et ont un lien probable avec les narcotrafiquants, la tâche est loin d’être aisée … Pour ce second album solo, Francis Bergèse prend les ingrédients nécessaires et éprouvés pour réaliser une recette qui fonctionne parfaitement. Et le résultat est à la hauteur des attentes. À noter le clin d’œil au scénariste et créateur de Buck Danny, Jean-Michel Charlier, réincarné en émissaire du gouvernement américain. Surprenant aussi, le baiser de Lady X à Buck Danny …

Cet album fait suite à « Zone interdite » et, clairement, Francis Bergèse passe en mode turbo ! Buck Danny, à bord d’un des trois F-18 Hornet d’entraînement, a quitté le Managua en direction du porte-avions « U.S.S. Eisenhower » afin d’alerter le gouvernement des États-Unis au sujet de la rébellion et de la prise de contrôle imminente du pays par un groupe de narcotrafiquants soutenus par Lady X. Mais il est poursuivi par deux F-104 Starfighter, dont les pilotes sont fidèles au président-général Sanchez, corrompu et mêlé au trafic de drogue. Ces derniers essayent de l’abattre … Alors, ami lecteur, prend une bonne inspiration au début de l’album, car il va te falloir du souffle pour suivre le rythme de l’histoire, même si l’issue peut être devinée facilement ! En effet, de l’action et du combat aérien, il y en a ! Et puis, on peut imaginer que Francis Bergèse s’est créé un scénario lui permettant de se faire plaisir en dessinant une panoplie d’aéronefs que l’on a moins l’habitude de voir dans les BD d’aviation comme le Lockheed F-104 Starfighter, le MiG-23, le Rockwell Sabreliner ou le Mil Mi-24. Ce qui fait que c’est un vrai régal !

Alors que Buck Danny, Jerry Tumbler, Sonny Tuckson et un nouveau venu, Dick Jackson, présentent quatre Lockheed Martin F-22 Raptor au Salon du Bourget en France, ceux-ci sont expédiés sans même se reposer après leur prestation vers le Japon. En effet, un pilote de la U.S. Air Force a été abattu en territoire Nord-coréen et une opération d’exfiltration se prépare pour aller le récupérer avec de gros moyens, dont les quatre F-22. Avec cet album, Francis Bergèse a vraiment repris le flambeau de Jean-Michel Charlier au scénario. L’intrigue est bien menée, quoique la préparation de l’opération d’exfiltration est assez longue par rapport à l’opération elle-même. J’ai l’impression qu’il y aurait eu quelques pages de plus et l’équilibre aurait été parfait. Mais, bon, le résultat est absolument excellent et les dessins, on les adore !

Fréquentant régulièrement les spectacles aériens, je pense que Francis Bergèse désirait se faire plaisir avec cet album. Une intrigue un peu bizarre sert de fil conducteur pour le scénario, mais il est évident que l’auteur voulait dans cet épisode surtout mettre en valeur des warbirds. Dans l’histoire, ceux-ci appartiennent à la nouvelle fiancée de Sonny Tuckson, Lulubelle, Texane comme lui. C’est ainsi qu’au cours d’un meeting aérien à Fredericksburg, un North American P-51D Mustang, un Corsair F4U-7 et un Curtiss P-40 Warhawk sont présentés en vol par, respectivement, Buck Danny, Sonny Tuckson et Lulubelle. Pour ceux qui fréquentent régulièrement les événements aéronautiques du côté des équipages et des équipes de présentation, un aspect inhérent à ceux-ci est le fait que l’on rencontre toujours beaucoup d’amis et de collègues, ce qui crée moult opportunités de retrouvailles. Ceci transparait clairement dans cet album alors que Buck, Sonny et Lulubelle retrouvent Tumbler qui présente le Lockheed Martin F-22A Raptor, Cindy McPherson, pilote du Boeing F/A-18 Hornet de démonstration, ainsi que d’autres aviateurs qu’ils ont connus au fil des années écoulées. Toutefois, un certain Warren présente un comportement pour le moins suspicieux. Un grand bravo, donc, à Francis Bergèse pour nous faire vivre parfaitement l’ambiance d’un spectacle aérien au travers de nos héros favoris !

Une organisation inconnue coule un navire d’un groupe écologiste et interdit l’accès à un secteur de l’Antarctique avec de gros moyens, donc quatre Super Étendard n’arborant aucun signe d’identification. Le porte-avions nucléaire "Harry Truman" est dépêché dans l’Atlantique Sud afin le lever ce mystère. Il est rejoint par son homologue français le "Charles-de-Gaulle". C’est donc en collaboration avec l’Aéronavale Française que Buck Danny et ses fidèles ailiers débutent leurs recherches dans l’enfer blanc de l’Antarctique. Visiblement, Francis Bergèse cherche un certain changement dans la continuité et laisse ainsi beaucoup de place aux avions et hélicos de la Marine Française, ce qui, finalement, n’est pas une mauvaise idée.

Nos quatre amis s’entraînent sur C-130 Hercules avant d’être envoyés sous de fausses identités en Afghanistan pour piloter deux appareils de ce type, mais civils et qui effectuent des transports humanitaires. L’objectif de l’opération est de discrètement retrouver la trace d’un agent de la CIA, Alan Jenkins, qui enquêtait sur un trafic d’armes entre l’Afghanistan et l’Iran, puis qui a mystérieusement disparu. Dans les derniers albums, on pouvait constater que Francis Bergèse essayait de se trouver des idées pour sortir des sentiers battus et éviter de se cantonner seulement dans les aéronefs communs de la U.S. Air Force ou de la U.S. Navy. C’est le cas ici aussi où, visiblement, le scénariste-dessinateur se fait plaisir avec des avions que l’on a l’habitude de moins voir dans la série comme un DHC-5 Buffalo, des L-382 Hercules et un Antonov An-2 que l’on trouve, d’ailleurs, en couverture. Par contre, le scénario me semble un peu tordu, mais l’album est malgré tout intéressant à lire.

Un F-22 Raptor est abattu lors d’une mission secrète au Basran (comprenez Iran). Et c’est à Buck Danny qu’est, bien entendu, confiée la mission d’enquête à réaliser en territoire hostile. Pour se faire, il compte utiliser quatre Sukhoi Su-27 afin d’opérer en toute discrétion. Mais, une fois l’opération lancée, des imprévus mettent celle-ci très sérieusement en péril. Pour ce 53ème album, Francis Bergèse a passé le flambeau au duo Winis-Zumbiehl et c’est plutôt réussi. Le scénario continue à être un savant mélange d’espionnage, d’action et de suspense. Quant aux dessins, les avions sont très biens réussis, mais les personnages auraient parfois nécessité quelques améliorations. Mais c’est vrai que nous sommes en période de rodage et nul doute que ceci viendra avec le temps. La mise en pages est également "rajeunie" avec cet album. La tradition perdure donc, mais dans la modernité. Bravo à la nouvelle équipe !

Nouveau changement d’équipe pour ce 54ème épisode de cette série mythique : Gil Formosa remplace Francis Winis au dessin. Par contre, au scénario, c’est encore Frédéric Zumbiehl qui nous propose une nouvelle histoire tumultueuse se déroulant dans le contexte très actuel de la tension entre la Chine et le Japon. À bord du porte-avions USS Ronald Reagan, Buck Danny, flanqué de ses inséparables acolytes, est envoyé à proximité des îles Senkaku, théâtre de la convoitise des deux puissances asiatiques. Aidée par le groupe industriel Yamasaki disposant de prototypes d’avions furtifs ultra-modernes, une association criminelle d’extrême-droite nippone tente de profiter de la situation pour créer le chaos entre les deux pays afin de prendre le contrôle du Japon. Bien entendu, notre trio de pilotes va découvrir le pot au roses et retrouver une vieille connaissance en la personne de Lady X qui, il faut l’admettre, garde une jeunesse fort enviable ainsi qu’un physique bien plus féminin et séduisant que lors de sa première apparition dans la série ! Mais, n’oublions pas qu’elle demeure un redoutable personnage sans scrupule qui n’a rien perdu de son machiavélisme. Rendu au 54ème épisode, on pourrait croire que l’histoire aurait un certain côté de réchauffé ou de déjà vu, mais, mis à part les pitreries de Tuckson, l’intrique demeure malgré tout une découverte. Où, diable, Zumbiehl va-t-il chercher ses idées ? Quant aux dessins, ils sont excellents et très dynamiques. Ils perpétuent ainsi le mouvement de modernisme lancé avec l’album précédent. Arrivé au terme des 46 planches, on a hâte de découvrir la suite de cette histoire qui se poursuivra dans le prochain épisode intitulé "Defcon One".

Si, au sujet de l’épisode précédent, "La nuit du Serpent", je mentionnais que l’intrigue était une découverte, je dois bien admettre que la suite est quelque peu décevante quant au scénario de Frédéric Zumbiehl qui, au fil de l’histoire relevant plus de l’espionnage que de l’aventure aéronautique, devient un peu trop tordu et tiré par les cheveux à mon goût. De plus, je trouve le rythme très saccadé. Bien entendu, Buck Danny et ses deux coéquipiers, aidés par la séduisante et efficace agente japonaise Suki, vont permettre de sauver le Monde d’une guerre entre la Chine et le Japon, mais, pour y arriver, ils vont devoir vivre quelques aventures rocambolesques à grand renfort de dégâts matériels (pas moins de 44 aéronefs détruits dans cet album !) et, parfois, d’invraisemblances. L’histoire est aussi doublée de la continuation de la vengeance de Lady X envers les trois aviateurs américains, ce qui donne lieu à des scènes un soupçon surréalistes. Le dessin de Gil Formosa est, en général, très bon, quoique le scénario l’oblige à être très agressif et déstabilise le vieux de la vieille que je suis. Bref, c’est la première fois que je suis déçu à ce point par un album de mon héros d’enfance et d’adolescence.

Après les catastrophes des albums "Defcon One" et du second tome des "Oiseaux Noirs", je dois dire que j’hésitais à investir un peu plus de 20 dollars dans ce 56ème titre de la série. Finalement, je l’ai commandé et j’ai été agréablement surpris du résultat. Buck Danny, Jerry Tumbler et Sonny Tuckson sont en Antarctique à bord du USS Ronald Reagan pour essayer trois Lockheed F-35 à décollage vertical en condition polaire pour le compte de la U.S. Navy. Une mission est planifiée pour les trois avions. Elle consiste à traverser le continent Antarctique de part en part. Et, comme dans la vraie vie, le F-35 éprouve quelques soucis de fiabilité, ce qui mènera le trio à être impliqué dans un mystère à propos de la base russe "Vostok" et Buck Danny à tomber amoureux d’une scientifique russe. Et oui, tout arrive ! Bien entendu, Lady X est dans les parages également. Le scénario de Zumbiehl est bien structuré et les dessins de Formosa très bons. La mise en pages est actuelle et dynamique. Bref, mis à part la couverture où, malheureusement, Buck Danny tient plus de King Kong que d’un être humain, cet album est assez bien réussi. Espérons que le suivant, "Opération Vektor", le sera tout autant.

L’histoire de ce 57ème album fait suite à celle entamée dans le précédent. Un virus extrêmement virulent et dangereux attirait la convoitise de plusieurs puissances et intérêts privés, dont un ayant requis les services de Lady X. Récupérés par le porte-avions français "Charles-de-Gaulle", Buck, Tumb et Sonny se mettent à la recherche de leur ennemie historique qui semble s’être volatilisée en Terre de Feu avec un échantillon du virus. Souvent, dans les derniers épisodes de cette mythique série, les auteurs nous ont habitué à des désastres (voir mes critiques précédentes) et l’album 56 échappant un peu à la règle, on pouvait se demander si l’histoire allait plonger ou se maintenir au même niveau … Fort heureusement, je pense que c’est la seconde option qui prévaut, même si on est loin du calibre des scénarios de Jean-Michel Charlier. L’impossibilité de trouver une base secrète à l’aide des satellites espions des plus grandes puissances et Lady X qui est capable de piloter un F-35 à décollage vertical sans aucune expérience sur l’aéronef, ni instruction, ni manuel (qui sait, elle a peut-être vu des vidéos sur YouTube …) sont des invraisemblances parmi d’autres avec lesquelles il va falloir composer pour accepter le fil de l’histoire. Mais l’ensemble se lit agréablement même s’il y a beaucoup d’impressions de "déjà vu". Par ailleurs, on connait l’intérêt de Zumbiehl pour les récits à caractère de roman d’espionnage et dans cet album, celui-ci se laisser aller clairement à une parodie pleinement assumée des aventures de James Bond. On découvre ainsi le Docteur XI du "Cercle" rappelant le Docteur No et le "Spectre" des films du célèbre agent 007. Un clin d’œil que l’on acceptera !

Cet album, qui est le troisième et ultime volet de cette série entamée avec "Vostok ne répond plus", est dans la lignée du précédent et les mêmes remarques et constatations s’appliquent ici aussi : ça se laisse lire sans qu’on ne puisse trop regretter son achat. Le scénario de Zumbiehl est un peu rocambolesque avec Lady X, devenue la poupoune de compétition de service, qui s’allie avec Buck Danny pour lutter contre des "encore plus méchants qu’elle" ! Les dessins d’avions de Gil Formosa sont très bons, mais, par contre, je trouve que la couverture style "affiche d’ancien film" a un problème de proportions en ce qui concerne Buck Danny, tout comme c’était le cas pour l’album No. 56, mais en moins pire quand même.

Alors que la série normale est rendue au 55ème album et que de plus en plus d’amateurs commencent à dénoncer les scénarios embrouillés et peut-être certains dessins approximatifs des derniers épisodes, le titre hors série "Les Oiseaux noirs" vient raviver la flamme qui pouvait être chancelante auprès des inconditionnels des aventures du pilote militaire américain. En fait, cet album est une aventure en lui-même … Petit retour en arrière en 1988. Cette année-là, le 44ème album, "Les Agresseurs", est diffusé et le scénariste Jean-Michel Charlier ainsi que le dessinateur Francis Bergèse se mettent à l’ouvrage pour réaliser dans la foulée ce qui doit théoriquement devenir le 45ème titre de la série. Hélas, le décès du scénariste l’année suivante met un terme à cette histoire qui avait pour cadre les avions espions Lockheed SR-71, U-2 et TR-1. Bergèse fera ensuite équipe avec De Drouet pour un album (Les Secrets de la mer Noire) avant de reprendre la série en solo pour sept autres épisodes. Puis d’autres suivront pour que se perpétuent les aventures de Buck Danny. Mais, pour célébrer dignement les 70 ans de l’infatigable aviateur, Patrice Buendia et Frédéric Zumbiehl ont imaginé une suite aux 23 planches des "Oiseaux noirs" écrites par Charlier jusqu’au terme de sa vie. Quant à Francis Bergèse, il est retourné à la planche à dessin pour achever l’album dont il avait déjà réalisé 16 planches en 1989. Et le résultat est réussi, très certainement grâce à ce retour de Francis Bergèse, qui avait été largement reconnu et ovationné comme étant le digne successeur de Victor Hubinon décédé en 1979. Malheureusement, il ne réalisera pas le second tome "Opération Checkmate", ce qui laisse entrevoir quelques craintes de la part des spécialistes de la série. Pour en revenir à l’histoire des "Oiseaux noirs", Buck Danny, accompagné de Tumbler et Tuckson, se rendent à la base de Kadena au Japon pour y effectuer des vols d’espionnage au-dessus de l’U.R.S.S. En effet, une base secrète soviétique semble être la source de la mise au point de systèmes de brouillages électroniques totalement inconnus des Américains. Buck Danny est envoyé en vol de reconnaissance à très haute altitude avec un U-2 à partir du porte-avions USS Midway, alors que des espions japonais à la solde du KGB rodent autour de la base de Kadena. Un très bel album, donc, où l’on est bien content de redécouvrir le style du binôme Charlier-Bergèse duquel s’éloignent irrémédiablement les albums les plus récents.

Lors d’une mission d’espionnage au-dessus de l’U.R.S.S. à bord d’un Lockheed SR-71 Blackbird, Tumbler se fait abattre et est fait prisonnier par les Soviétiques. Ces derniers sont à deux doigts d’avoir la maîtrise absolue de l’espace grâce à une panoplie de satellites de combat. Leur but est d’anéantir l’ensemble des moyens spatiaux stratégiques américains. Mais Buck Danny propose à sa hiérarchie un plan pour contrecarrer les ambitions machiavéliques du général russe Stanitsim … Les craintes que l’on pouvait avoir au terme de la lecture du premier tome étaient, selon moi fondées, car cet album a dérivé totalement dans le récit d’espionnage au détriment des aspects aéronautiques, tout comme c’est le cas dans certains derniers titres de la série "traditionnelle". Le scénario de Patrice Buendia et Frédéric Zumbiehl est un peu (beaucoup ?) à tirer par les cheveux et l’amalgame avec une partie d’échec est parfaitement inutile, bien qu’original. Par ailleurs certains clichés répétitifs dans les dialogues sont quelque peu fatigants. Quant au dessinateur André Le Bras, il avait un gros contrat de reprendre la succession de Francis Bergèse et il n’a pas mal réussi son coup, même si certaines cases ne sont pas tout à fait parfaites. Peut-être a-t-il subit de la pression pour travailler trop rapidement ? En conclusion, je dirais que ce sont les dessins qui sauvent cet album de la catastrophe.

Buck Danny Classic

Sous la bannière "Buck Danny Classic", le célèbre trio d’aviateurs militaires américains, Buck Danny et ses fidèles ailiers Jerry Tumbler et Sonny Tuckson, remontent le temps pour vivre de nouvelles aventures dans le passé. Simultanément avec la continuité des aventures récentes, le binôme constitué du scénariste Frédéric Zumbiehl et du dessinateur Jean-Michel Arroyo ont lancé parallèlement cette nouvelle série, doublant ainsi les possibilités de scénarios. L’idée est originale et devrait combler les inconditionnels de cette série culte de la bande dessinée.

Buck Danny et ses deux collègues sont en charge d’essayer la nouvelle version du F-86 Sabre aux États-Unis. Arrive l’étape suivante : l’évaluation de l’appareil en combat réel en Corée afin de contrer les Mig 15 nord-coréens dont les caractéristiques sont légèrement supérieures à celles de l’ancienne version du jet américain actuellement en dotation dans les unités présentes sur le front. Simultanément, les trois pilotes effectueront tous les essais nécessaires à la navalisation du Sabre à bord du porte-avions USS Boxer (CV21). Mais, dans le camp adverse, les Soviétiques s’impliquent de plus en plus aux côtés de leurs alliés chinois et nord-coréens. Avec la bénédiction de Staline, lui-même, un ambitieux as de l’aviation soviétique, le colonel Korsakoff, est expédié en Corée, lui aussi, afin de se mesurer à Buck Danny et aux nouveaux F-86E. Avec l’appui d’un réseau d’espions infiltrés au sein des forces américaines, il met son plan en marche afin d’attirer le pilote américain dans un piège mortel. Cet album existe en trois versions différentes : deux d’entre elles ne diffèrent que par la couleur du fond de la couverture tandis que la troisième est un tirage limité à 1000 exemplaires, chacun numéroté, signé et accompagné de trois ex-libris, eux aussi, numérotés et signés par Jean-Michel Arroyo, le dessinateur. C’est certain que l’on pousse ainsi un peu à la consommation des collectionneurs ! Avant de débuter la lecture de ce premier album de cette nouvelle série, j’avais quelques craintes de "déjà-vu" ou de "mauvais remake", mais je dois dire qu’elles se sont vite estompées, mises à part certaines inévitables pitreries de Sonny Tuckson qui peuvent alourdir inutilement le récit. Pour le reste, j’ai adoré !

Pour faire suite à l’album précédent, Buck Danny et ses amis sont maintenant en lutte directe avec le colonel Korsakoff. Celui-ci souhaite maintenant affronter notre héros en duel. Par chance, un pilote nord-coréen fait défection avec un Mig 15, ce qui permet aux Américains d’évaluer toutes les faiblesses de cet appareil lors de vols d’essais. Fort de cet avantage, et malgré l’infériorité du F-86 Sabre par rapport au jet soviétique, des tactiques sont mises au point pour amener le pilote adverse à commettre l’erreur fatale. Mais ceci fonctionnera-t-il ? Deux versions de cet album existent, toujours afin de faire bourse délier le collectionneur : la diffusion "normale" et, tout comme pour le premier tome, un tirage limité à 1500 exemplaires, accompagnés chacun d’un ex-libris, le tout numéroté et signé par Jean-Michel Arroyo. J’ai, bien évidemment, tout autant apprécié ce second album, que le premier. J’ai donc, bien hâte que le troisième devienne disponible !

Le principe de la série "Classic" de Buck Danny étant de ramener notre héro favori et ses complices dans le passé, pour ce troisième album, les scénaristes Frédéric Marniquet et Frédéric Zumbiehl, ainsi que le dessinateur Jean-Michel Arroyo, ont décidé de placer leur nouvelle aventure au terme du passage des trois aviateurs américains parmi les Tigres Volants à la fin de la Seconde guerre mondiale. Nous sommes quelques jours après la capitulation du Japon et quelques irréductibles Japonais, ne pouvant digérer la défaite de leur nation, décident de continuer le combat de façon subversive. Des opérations de commandos permettent de délivrer quelques prisonniers clés des geôles américaines et c’est ainsi que les espions Mo-Choung-Young et Miss Lee reprennent du service après avoir donné du fil à retordre aux Américains dans les épisodes des Tigres Volants. Simultanément, un B-29 Superfortress transportant la troisième bombe atomique, celle initialement destinée pour Tokyo, est détourné. Buck Danny et ses ailiers partent à sa recherche avec l’aide d’une escadrille de P-47 Thunderbolt mexicains, la seule disponible dans les parages. Une fois encore, même si l’histoire présente quelques aspects prévisibles, les amateurs de cette série devraient également apprécier cet épisode qui se poursuivra dans un nouvel album intitulé "l’île du Diable".

Rescapé sur l’île du Diable après l’écrasement de son P-47 Thunderbolt, Buck Danny est poursuivi par les Japonais. Dans sa fuite, il est aidé par le professeur Andrew Lassiter de l’université de Cambridge, qui vit en ermite à cet endroit depuis bien avant la guerre, ainsi que par la tribu locale des Dayaks. Simultanément, ses amis Tuckson et Tumbler partent à sa recherche avec un hydravion PBY Catalina. Mais Buck se faire prendre par les Japonais qui le retiennent prisonnier tout en préparant un Bombardier hexamoteur Nakajima G10 N1 Fugaku équipé de la bombe atomique du B-29 Superfortress disparu en vue d’une attaque sur San Francisco. Si le début de ce second et dernier épisode du cycle "mystères dans le Pacifique" a des aspects certains de "déjà vu" qui rappellent la série originale au sujet des Tigres Volants, la suite de l’histoire est malgré tout intéressante, même si on se doute de la fin.

Durant la Guerre froide, les soviétiques mettent au point un bombardier nucléaire tri-sonique, le Tsybin R-020, qui intéresse, bien entendu, la CIA et autres services secrets américains. Mais plusieurs prototypes sont détruits lors d’essais en vol. Un des ingénieurs en charge du projet, le professeur Iarmolenko, tente de passer à l’Ouest en emportant avec lui des informations techniques capitales au sujet de cet avion. Simultanément, Buck Danny et ses deux ailiers sont transférés de la U.S. Navy à l’Air Force où ils sont affectés à la base de Ramstein en RFA. Une fois sur place, ils volent le long du Rideau de fer sur Lockheed F-104G Starfighter et sont confrontés aux MiG soviétiques. Disons-le d’emblée, je n’ai pas aimé du tout cet album. Il faudrait que les scénaristes Marniquet et Zumbiehl comprennent que ce que nous voulons, ce sont des aventures aériennes et pas un roman d’espionnage scabreux sur lequel on vient rajouter une couche aéronautique avec nos héros favoris. Qui plus est, les invraisemblances sont nombreuses (déjà sur la couverture !) et faire revenir un Slim Holden au caratère caricatural ainsi qu’une Lady X en tenue équestre venue donner un coup de pouce aux Soviétiques en difficulté avec leur prototype est totalement risible. Jean-Michel Charlier doit se retourner dans sa tombe ! Et si vous comptiez sur les dessins pour remonter le niveau, oubliez ça. Certains de ceux-ci sont approximatifs et, de manière générale, ils manquent totalement de finesse et de détails. Bref, selon mon opinion, c’est le naufrage ! Et, comme ont dit, "moins on en a, plus on l’étale", sachez qu’il y aura une suite à cet album. J’ai peur de la confirmation du désastre …

Comme anticipé, le désastre de ce nouvel album de Buck Danny "Classic" est malheureusement confirmé. Alors que Tumbler et Tuckson tentent de rejoindre l’ouest à partir de l’Allemagne de l’Est, Buck Danny, gagne l’U.R.S.S. sans la moindre encombre pour y dérober un des prototypes du Tsybin R-020 et sauver le monde d’une troisième guerre mondiale, rien de moins ! Le scénario est donc totalement rocambolesque, bourré d’invraisemblances et il faut attendre la planche # 31 pour voir débuter une véritable action aérienne. Les dessins deviennent de plus en plus approximatifs, mis à part, peut-être, ceux d’avions et d’hélicoptères. On est vraiment rendu très loin du monde de Jean-Michel Charlier, Victor Hubinon ou Francis Bergèse qui nous faisaient vibrer avec de vraies aventures d’aviateurs. "Alerte Rouge" est aussi le premier album de Buck Danny où je n’ai jamais accroché à l’histoire et, ce, du début à la fin. Alors, s’il vous plait, messieurs Arroyo, Marniquet et Zumbiehl, arrêtez de saccager l’univers de nos héros de BD d’enfance ! Inventez de nouveaux personnages dans une nouvelle série d’espionnage et peut-être qu’on les appréciera plus dans cet autre contexte.

La première chose qui saute aux yeux avec ce septième album de la série "Classic", c’est la couverture ! En effet, le style de dessin d’André Le Bras rappelle très clairement celui du regretté Victor Hubinon qui avait dessiné les 40 premiers épisodes de la série originale. On a donc hâte de découvrir cette nouvelle histoire de notre aviateur américain favori de notre enfance et, en même temps, on éprouve un sentiment d’inquiétude suite aux catastrophes des deux albums "Classic" précédents. Fort heureusement, celui-ci se dissipera et sans être un grand cru millésimé, le scénario se révélera intéressant et agréable à lire même si, une fois encore, on a beaucoup d’impressions de "déjà vu". L’histoire débute à la fin de la Seconde Guerre mondiale lorsque les Allemands évacuent la Silésie en Pologne en emportant ce qu’ils peuvent avec eux, notamment une grande caisse semblant contenir quelque chose de très précieux. Certains d’entre eux poursuivent leur route avec leur butin en Argentine et en Uruguay. En 1953, Buck Danny et ses deux compères sont envoyés à Patuxent River pour essayer les nouveaux prototypes du Convair Sea Dart, un jet hydravion au pilotage très délicat. Un moment donné, après avoir pris le Sea Dart en main, les pilotes et leur avion sont embarqués à bord d’un sous-marin japonais recyclé à destination des côtes de l’Argentine …

Buck Danny et l’agente israélienne Béate découvrent l’épave accidentée encore fumante de l’antique avion de Sonny Tuckson, mais aucune trace de ce dernier. Afin de mener leurs recherches pour retrouver leur ami, ainsi que de Tumbler également disparu et considéré comme mort, le couple décide de se faire passer pour de jeunes mariés en lune de miel et s’installent dans le mystérieux village de Ciudad Verde. Là, ils rencontrent un archéologue français bizarre et armé d’un Luger ainsi que le "padre" du patelin, le père Augustin Von Lembach, trop sympathique que pour être crédible. La nuit, Buck est intrigué par le bruit d’un Douglas DC-4 se posant à proximité. Avec sa "nouvelle épouse", il part à la recherche de la piste d’atterrissage devant probablement mener à la base secrète des Allemands où se terrent des Horten Ho-229, prototypes révolutionnaires utilisant le principe de l’antigravité pour disposer de caractéristiques de vol exceptionnelles. Bon, nous continuons dans lignée de l’album précédent : beaucoup de "déjà vu" et toujours un scénario de Zumbiehl à tirer par les cheveux, même si on a déjà connu pire de sa part. J’aime toujours le "style Hubinon" des dessins de Le Bras, même si un certain nombre d’entre eux auraient mérité un peu plus d’acharnement. Certains spécialistes ont aussi noté des erreurs dans les uniformes et les grades des personnages, ce qui donne à penser à une réalisation exécutée dans la précipitation. Sachez, messieurs, que vos lecteurs préfèrent la qualité à la quantité !

Avec Buck Danny et les Chevaliers du Ciel, Dan Cooper était la troisième série des années 1960 et 1970 mettant en vedette un ou plusieurs aviateurs militaires. Alors que les autres sont américains ou français, le héros né de l’imagination d’Albert Weinberg est canadien. Lorsque j’étais plus jeune, c’était la série que j’aimais le moins car, souvent, le scénario sortait du monde ultra-réaliste des deux autres avec des scénarios faisant appel à la science-fiction ou à l’imaginaire. Avec l’âge et le recul, je constate qu’il s’agit d’un aspect fort original qui distingue les aventures du pilote canadien de ce qui existait à l’époque.

Dan Cooper est renvoyé au Canada pour devenir leader de la patrouille acrobatique des Golden Centennaires (les Paladins du Centenaire), remplaçant au pied levé le Squadron Leader Lang qui s’est cassé un bras et est cloué au sol à la veille des premières présentations pour l’Expo 67 qui se tient à Montréal. Mais la patrouille militaire canadienne va devoir se surpasser, car une autre équipe privée, les Black Jets, la pousse à la compétition face au public montréalais. Cette dernière est équipée de trois appareils révolutionnaires et l’un de ses pilotes semble être une femme. Le scénario de cet album est assez simpliste et, comme souvent dans cette série, il va au-delà du réel et du vraisemblable. C’est d’ailleurs, peut-être paradoxalement, ce qui rend cette histoire intéressante à lire.

Lors d’une balade aérienne le long des côtes de Floride en Cessna à flotteurs, Dan Cooper et son collègue astronaute américain le major Kid Dereika découvrent un engin spatial habité, mais dont l’occupant à la peau bleue est mort. Laissant Dan sur place, Kid s’en va chercher de l’aide, mais lorsqu’il revient, il découvre le pilote canadien inanimé. Par ailleurs, la capsule spatiale a disparu. Quelques jours plus tard, à partir du site de la NASA à Cape Canaveral, les deux pilotes sont envoyés dans l’espace à bord du vaisseau Gemini 13 afin de tenter d’élucider ce mystère. Lorsqu’Albert Weinberg a réalisé ce 17ème album, nous étions en 1971. Cela ne faisant pas longtemps que Neil Armstrong avait foulé pour la première fois le sol lunaire et la course à l’espace battait son plein. Quoi de plus naturel, donc, que de créer un scénario de science-fiction mêlant adéquatement la réalité avec l’imaginaire. À la fin de l’histoire, on reste quelque peu sur sa faim, mais, par contre, le lecteur pourra imaginer l’explication à l’énigme des hommes bleus qui lui convient.

À peine arrivé à l’Escadron 439 opérant sur CF-104 Starfighter à Lahr, en Allemagne, que Dan Cooper est expédié en échange dans une escadrille belge à Beauvechain. Profitant d’une combinaison stratosphérique spéciale disponible en Belgique, il bat un record du monde d’altitude avant de se rendre en Norvège avec la 350ème Escadrille de la Force Aérienne pour un exercice. Sur place, Dan conquit le cœur de Randy, une séduisante Norvégienne dont le frère est pilote militaire. Mais lors d’une mission de sauvetage d’un chalutier en perdition, l’opération tourne en survie dans un environnement humide et glacial. Celle-ci est, d’ailleurs, un peu invraisemblable car personne n’est équipé contre le froid, même pas de gants, et arrive à survivre dans des conditions quasi polaires sans même subir la moindre engelure. Néanmoins, l’histoire se déroule à bon rythme et rend cette aventure captivante.

Dan Cooper, en échange à la Force Aérienne Belge, quitte la Norvège après la conclusion de l’exercice "Polar Express". En compagnie de son coéquipier belge, le commandant Jeff De Cloe, il disparaît mystérieusement après avoir quitté la base de Bodö. Trois jours plus tard, les deux F-104 Starfighter et leurs pilotes atterrissent à Kleine Brogel. Bien entendu, la sûreté militaire enquête sur cette amnésie. Mais la vie continue, et Dan rejoint Lahr et l’Escadron 439 qui est l’hôte du traditionnel Tiger Meet de l’OTAN auquel participe également Jeff De Cloe, accompagné de sa fiancée indienne et de son tigre apprivoisé ainsi que de son beau-père. Au cours de cette rencontre entre toutes les unités de l’OTAN ayant adopté le tigre comme emblème, une nouvelle fusée anti-missile doit être essayée … Voici un scénario bien ficelé mêlant aventure, aviation et espionnage avec un brin de fantastique. Bref, une BD comme on les aime !

Le frère de l’amie norvégienne de Dan Cooper, pilote militaire à la base de Bodø, disparaît lors d’un accident avec son F-5 après avoir aperçu une lumière sous l’eau dans la mer de Norvège. Simultanément, sans être au courant du tragique accident, Dan arrive à Bodø pour justement rejoindre son amie, Randi, avec un nouveau Cessna 337 Skymaster qu’il vient de recevoir pour services rendus. Une fois mis au courant, il part à la recherche de Günnar, le pilote disparu en compagnie de Randi et d’un capitaine norvégien. Le scénario, un brin fantastique et original, se déroule dans le contexte de la Guerre froide. Toutefois, on a l’impression que l’auteur est tombé un peu de court dans ses idées à la planche 40, car les six planches suivantes, bien qu’ayant un lien avec l’histoire principale de cet album, ont un petit air de "rallonge". Par ailleurs, il y a aussi une petite erreur de documentation : la Force aérienne norvégienne n’a jamais eu, selon moi, de Boeing H-46 ou équivalents pour les missions de recherche et de sauvetage comme c’est le cas dans l’histoire de cet épisode des aventures du pilote canadien, mais plutôt des Sikorsky H-19 ainsi que des Westland Sea King.

Si l’on oublie les invraisemblances militaires et quelques erreurs et improbabilités aéronautiques, cette série d’albums de l’auteur Franz Zumstein, dont l’histoire se déroule durant la Seconde Guerre Mondiale, se révèle être un subtil récit mêlant aventures et amour que l’on savourera durant de bons moments de détente. La mise en pages est actuelle et les dessins d’avions forts réussis alors que ceux des personnages sont parfois un peu "bruts de fonderie". Le scénario, complètement rocambolesque, nous fera voyager sur les traces d’Ali, le héros de la série, en Libye, en Italie, à Malte, en Allemagne, en Suisse et en Egypte.

Nous sommes en Libye en 1942, alors que la guerre y fait rage. Ali, adopté par des parents libyens, est en fait né d’une mère allemande et d’un père pilote italien. Il a l’aviation dans le sang et fréquente tant les aérodromes allemands qu’italiens implantés dans la région. Il devient ami de l’as allemand Marseille et, après s’être initié sur un simulateur de vol bricolé, apprend à voler tout seul sur un Hurricane capturé à l’ennemi. Alors qu’il se fait embrigader dans la Luftwaffe, sa compagne Aïcha tombe enceinte. Rapidement, il accumule les victoires, mais tout en essayant de préserver la vie des pilotes ennemis.

Un photographe allemand meurt à Martuba suite à un combat aérien. Il confie à Ali une enveloppe pour sa fiancée Uschi ainsi que son Leica. Profitant d’un congé, Ali a prévu de se rendre en Allemagne. Dans la précipitation, il oublie le Leica aux mains du technicien Schultze, mais emporte l’enveloppe avec lui. Il manque aussi Aïcha venu lui annoncer leur mariage. L’avion de transport Ju-52 dans lequel se trouve Ali est descendu et ce dernier est recueilli par les Italiens. Il vole maintenant avec ces derniers contre les Anglais, mais s’écrase à Malte. Il se fait ensuite passer pour un pilote polonais volant à la RAF et se met à combattre les Allemands et les Italiens.

Aïcha a décidé d’apprendre à voler sur le Hurricane pris au Anglais et se met en route pour retrouver son amoureux. Coïncidence, elle se fait intercepter par Ali près de Malte et ils se retrouvent donc en territoire anglais. Elle s’engage comme infirmière à la RAF sous la protection de Heather, une infirmière également qui connaît l’histoire d’Ali, mais le protège malgré tout. Re-défection ensuite pour rejoindre les Italiens avant d’aboutir en Allemagne où le couple se met à la recherche de la mère naturelle d’Ali. À trois, ils rejoignent la Suisse à bord d’un Henkel He-111. Ce troisième tome d’aventures pour le moins rocambolesques se termine par quelques pages de dessins inédits.

Aïcha a donné naissance à une fille en Suisse. Mais Ali, Aïcha et Uschi « empruntent » un Mosquito à Berne pour partir sans tarder à la recherche du trésor pour lequel l’appareil photo Leica détenu par un mécano de la Luftwaffe indiquera son emplacement. À Martuba maintenant aux mains des Britanniques, ils font connaissance de "J.J", un pilote de P-38 Lightning américain qui se joindra à eux pour cette chasse au trésor débutant à la pyramide de Saqqara en Egypte et se terminant en Suisse.

Flottille 66 est la version "Marine" de Team Rafale. Le principe est le même : une BD au sujet d’as de l’Aéronavale suivie de reportages de Frédéric Lert et de magnifiques photos d’Alexandre Paringaux qui est, par ailleurs, le fondateur des éditions Zéphyr publiant la série. Les commanditaires sont aussi les mêmes à l’exception de la Marine Nationale qui tient la place de l’Armée de l’Air dans Team Rafale. Bien entendu, les avions vedettes sont également des Rafale, mais opérant à partir du porte-avions Charles-de-Gaulle. Quant aux héros de la série, ils sont trois : le sérieux Hadrien de Saint-Amand, le gamin de service Alfio Maldini et l’indispensable femme-pilote exotique Ming-Yue Kyotoru.

Nous sommes en 2025. La France a établi une base militaire à Abou Dhabi et doit installer deux réacteurs nucléaires sur ce territoire des Émirats Arabes Unis. Deux navires transportant des conteneurs d’uranium à destination d’Abou Dhabi sont escortés par la Marine Française, notamment par les Rafale du porte-avions Charles-de-Gaulle. Mais des pirates terroristes torpillent un des navires aux yeux et à la barbe des Français incrédules et récupèrent le précieux butin qu’il contient. Simultanément, deux pilotes, dont Ming-Yue, sont victimes de ce qui semblerait être des hallucinations. Le scénario, signé par Romuald Pistis, est un ultra-classique de ce genre de BD moderne d’aviation militaire. S’agissant d’un premier épisode, nous allons laisser la chance au coureur afin qu’il démontre une certaine originalité pour cette série fort semblable à Team Rafale. D’ailleurs, les dessins sont de Michel Lourenço tout comme les derniers albums de Team Rafale ce qui ne facilite pas la création d’une identité propre pour Flottille 66. Espérons que, par la suite, les deux séries pourront clairement se différencier.

Cette série, dont le scénario est signé par Sébastien Latour, change à mon avis des BD classiques d’aviation à plusieurs points de vue. Tout d’abord, la technique des flashbacks, souvent utilisée au cinéma, est ici régulièrement employée pour narrer l’histoire de l’héroïne de façon très dynamique. Ensuite, certains dessins de Maza ont des zones floues donnant une impression de vitesse ou d’accélération que je trouve fort réaliste. Mais, parfois, les personnages ont l’air quelque peu mortifiés. Néanmoins, certaines scènes sont de véritables œuvres d’art. Quant aux couleurs de Pierre Schelle, elles créent une atmosphère prenante. Ayant noté certaines critiques quant à la véracité historique de cette série, notamment que le fait qu’une femme ait pu voler pour la Royal Air Force lors de Bataille d’Angleterre, pour ma part, je considère qu’une bande dessinée peut laisser une part de rêve. C’est le cas ici; laissons-nous aller et suivons les aventures de Laure Chevalier.

Laure Chevalier est la fille d’un aviateur français de la Première Guerre Mondiale. Dès l’enfance, elle est attirée par l’aviation et devient pilote. Aux premiers jours de la Seconde Guerre, elle s’enfuit vers l’Angleterre en compagnie de son père, chacun à bord d’un chasseur de l’Armée de l’Air. Mais, en chemin, poursuivis par des Messerschmitt, elle doit son salut grâce au sacrifice de son père. Accueillie par les aviateurs anglais, grâce au Squadron Leader Julian Hunt, elle peut combattre dans la Royal Air Force et prend part à la Bataille d’Angleterre à bord d’un Spitfire. Ce premier album est une réussite, à mon avis. Outre une histoire originale, on retrouve aussi le bel esprit British qui transparaît clairement. Il s’agit donc d’une belle découverte.

Le Squadron Leader Julian Hunt a été tué par un Messerschmitt allemand portant une décoration rouge et surnommé "Der Henker", le bourreau. Spirit, un pilote défiguré après un accident en Hurricane, reprend le commandement de l’escadron 1B de Brighton et fait équipe avec Laure pour anéantir l’as de la Luftwaffe. Ce second album continue dans la foulée du précédent, perdurant dans le côté original de cette histoire de guerre et, maintenant aussi, d’amour entre Laure et Spirit.

Turner, le fils d’un amiral britannique, est muté à l’escadron et trouble l’esprit qui y règne. Laure Chevalier, sous le nom d’emprunt de "Charlie", met au point avec Spirit une technique dangereuse pour prévenir la Royal Air Force de l’arrivée imminente de vagues de bombardiers allemands destinés, notamment, à attaquer Londres. Ce troisième tome a toujours pour cadre la Bataille d’Angleterre et on pourrait éventuellement percevoir un soupçon de lassitude ainsi que quelques longueurs dans le scénario, même si le récit est toujours fort captivant. Toutefois, au terme de celui-ci, l’héroïne accepte une fonction dans l’armée secrète de Churchill, ce qui devrait engendrer un certain changement dans le fil de l’histoire animant cette série.

Voici une série produite par JYB Aventures probablement moins bien connue que les célèbres Buck Danny, Tanguy et Laverdure ou les autres productions des éditions Zéphyr, et qui, pourtant mériterait de figurer en très bonne place sur les tablettes des libraires spécialisées en bandes dessinées. En effet, les scénarios de Jean-Yves Brouard (le "JYB" de JYB Aventures, c’est lui !) sont réalistes et tiennent la route. Passionné d’aviation et lui-même pilote, il mêle savamment actualité et technique aéronautique dans ces récits. Vous pouvez suivre ses activités et ses projets sur son blogue fort intéressant. Quant aux dessins de Francis Nicole, ils sont clairs et bien proportionnés. Pour ce qui est des avions et des hélicoptères, c’est du travail méticuleux. Il faut dire que le monsieur est aussi un maquettiste puriste et membre de l’ARDHAN, une association dédiée, notamment, à l’histoire de l’Aéronavale française; ceci explique donc cela ! Et pour ceux qui se poseraient la question "pourquoi Kimono ?" Simplement parce qu'il s'agit de l'indicatif radio des avions de la Flottille 11F où volent les deux héros de la série, Jacques-Yves Fleuret et Xavier "Mittel" Mittelberg.

Pour ce premier album, les deux héros Jacques-Yves Fleuret et Xavier "Mittel" Mittelberg sont embarqués sur le porte-avions "Clemenceau" et, à bord de leurs Dassault Super Étendard, ils vont vivre trois aventures distinctes. Car c’est bien là la particularité de ce premier volume; il contient, en fait trois histoires. La première est courte et compte quatre planches décrivant une intervention sur un cargo abandonné par son équipage à cause de la tempête et qui, à la dérive, présente un danger pour la navigation maritime. Les 12 planches de la seconde racontent l’histoire d’un navire, le "Majunga", dont l’équipage est victime d’un virus foudroyant et nécessite un antibiotique particulier pour le contrer. Le "Clemenceau" étant le seul à pouvoir fournir de l’aide à l’infortuné équipage du "Majunga", Fleuret et Mittel vont être mis à contribution. La troisième histoire, la plus longue avec ses 24 planches, a pour thème un lancement de la fusée Ariane à Kourou en Guyane où les deux pilotes sont déployés pour en assurer la sécurité. Mais des terroristes très bien organisés et opérant à partir du Brésil ont décidé de déjouer tout le dispositif de protection des Français afin de s’attaquer au lanceur européen. Pour un premier coup, on peut dire que cet album est une réussite. On a hâte de lire les suivants !

Cet album, ainsi que les deux autres qui suivent, est la continuité d’une histoire complète en cinq planches qui avait été publiée en mai 1988 dans "Le journal de Tintin" sous le titre "Vector for Bogey". L’action se déroule au Bowanda, un pays d’Afrique représentatif des nombreuses anciennes colonies françaises et qui est en proie à une guerre civile opposant le président Joseph Némeri au dissident Ousmane Diagbé. Afin d’épauler le premier devant faire face aux activités sans cesse plus importantes des rebelles dirigés par le second, la France déploie depuis le porte-avions "Clemenceau" quatre Super Étendard et deux Crusader à l’aéroport de Magadani, la capitale. Bien entendu, Jacques-Yves Fleuret et Xavier "Mittel" Mittelberg sont du voyage. Mais, très vite, les Français vont se trouver confrontés aux rebelles bowandais. Une opération héliportée est lancée pour contrer une attaque de ceux-ci par le fleuve Bimboro. Bien entendu, tout ne se déroule pas comme initialement prévu.

Disons que ça ne va pas trop bien pour les Français au Bowanda … Jacques-Yves Fleuret, touché par les rebelles, ramène son Super Étendard sévèrement endommagé au porte-avions "Clemenceau" croisant au large de ce pays africain. Le long du fleuve Bimboro, l’hélicoptère Dauphin piloté par Floriane Wibot, l’une des rares pilotes de l’Aéronavale française, se trouve lui aussi en difficulté après avoir déposé une équipe de reconnaissance comprenant "Mittel", des commandos de Marine et le guide Joachim Bissandra qui a la mauvaise habitude de passer régulièrement d’un camp à l’autre. D’ailleurs, un moment donné, l’équipage du Dauphin n’a d’autre choix que de voler au profit des rebelles … Mais à la fin de l’album, le président français (on reconnaît facilement qu’il s’agit de François Mitterrand) décide de laisser tomber le président en fonction Joseph Némeri et d’approcher l’opposition dirigée par le dissident Ousmane Diagbé. Ceci n’est pas sans rappeler la volte-face des Français au Tchad en décembre 1990 qui, après avoir soutenu le président Hissène Habré durant plusieurs années, vont aider Idriss Déby à le renverser.

Ce troisième album consacré au Bowanda est, bien qu’il comporte quelques actions militaires, un petit peu moins "musclé" que les deux autres et un peu plus "diplomatique". En effet, la France organise le changement de pouvoir dans ce pays d’Afrique avec la destitution forcée du président Joseph Némeri, son exil au Maroc et la mise en place de son successeur, Jean-Patrick Bissandra, le frère du fameux guide "girouette" des épisodes précédents. Lors de son retour au pays, le Falcon 900 du nouveau futur président est pris pour cible par un missile. Un fait qui n’est pas sans rappeler celui du missile sol-air qui a frappé le Falcon 50 transportant le président Juvénal Habyarimana du Rwanda et son homologue burundais Cyprien Ntaryamira le 6 avril 1994, attentat dans lequel les deux hommes d’état périrent. Toutefois, dans la BD, l’issue n’est pas aussi tragique et Jean-Patrick Bissandra arrive sain et sauf à Magadani, la capitale du Bowanda. Avec ces trois albums, le scénariste Jean-Yves Brouard n’hésite pas à utiliser le thème des nombreuses ficelles, pas nécessairement toujours très vertueuses, que la politique française à l’habitude de tirer dans ses anciennes colonies d’Afrique … ainsi que dans celles des autres, d’ailleurs ! Bien que toute l’histoire demeure de la fiction, certains noms sont là pour rappeler que nous ne sommes pas loin de la vérité. Ainsi, Bowanda sonne comme Rwanda, ou le palais reculé de Kabolité du président Némeri fait penser à celui de Gbadolite érigé par le président du Zaïre Mobutu Sese Seko. Tiens, autant Némeri que Mobutu sont exilés au terme de leur règne de dictateurs à Rabat … Coïncidences, donc. Un très beau scénario, donc, que j’ai beaucoup aimé, car peu d’auteurs de BD osent la "vérité fictionnelle" à ce point.

Un groupe terroriste répondant au nom d’Al-Mountaqimoun perpétue des attentats visant des intérêts occidentaux un peu partout dans le monde. La France échappe de justesse à l’explosion d’un kamikaze s’étant mêlé dans la foule venue admirer le traditionnel défilé de la Fête nationale du 14 juillet grâce à la malchance habituelle d’un des pilotes de la Flottille 11F, "Rabbit", présent parmi les avions survolant les Champs-Élysées (il faudra lire l’album pour comprendre comment tout ceci s’est déroulé !) Par la suite, les services de renseignement localisent deux éléments importants de la hiérarchie du groupuscule terroriste à Alger et les autorités françaises montent une opération d’interception de ces deux hommes alors qu’ils sont à bord d’un vol à destination de Damas. Bien entendu, les pilotes de la Flottille 11F, embarqués avec leur Super Étendard à bord du porte-avions "Charles de Gaulle", sont de la partie … Un scénario, hélas, en béton, car il est en adéquation parfaite avec la réalité du moment vécue en Europe. Quant aux dessins, même s’ils étaient excellents dans la série précédente se déroulant au Bowanda, je trouve qu’ils sont encore meilleurs avec, par moment une mise en pages plus dynamique.

Tarik ben Kadar est identifié comme étant à la tête du groupe terroriste Al-Mountaqimoun (signifiant "les vengeurs"). Celui est réfugié dans les montagnes de l’Arakistan et une opération militaire internationale est mise en place pour l’éradiquer lui et ses sordides comparses. Pour prendre part à celle-ci, le porte-avions "Charles de Gaulle" quitte le détroit de Bab-el-Mandeb en direction de l’Océan Indien. Mais une petite flotte de bateaux hostiles tente une opération d’éclat visant à immobiliser l’immense navire français. La mission antiterroriste en Arakistan commence donc sur les chapeaux de roues pour les pilotes de la Flottille 11F embarqué sur ce dernier. Jean-Yves Brouard, qui semble fidèle à ce que j’ai déjà appelé dans un épisode précédent le concept de "réalité virtuelle", a placé l’action dans ce pays situé entre le Moyen-Orient et l’Asie Centrale. Tout le monde a compris qu’il y avait un lien avec l’Afghanistan, mais contrairement à ce qui s’est déroulé réellement dans ce pays meurtri par les Talibans et autres groupuscules terroristes, en Arakistan les militaires alliés de la coalition internationale semblent avoir le dessus. Par contre, comme dans la réalité, les Américains en prennent pour leur matricule ! Au point que le scénariste imagine que ceux-ci, dirigeant l’ensemble des troupes coalisées, placent volontairement les pilotes français dans des situations difficiles pour voir s’ils se débrouillent mieux que leurs propres militaires …

Première chose, que signifie "A.M.N." ? La réponse est "apte à la mission nucléaire" ! Car il en sera question dans la seconde moitié de cet album. Le président de la République, Jacques Chirac, jamais nommé, mais que l’on reconnaît facilement, y joue, d’ailleurs, un rôle important en qualité de chef des armées. C’est ainsi, qu’une fois la BD diffusée, il aura droit à sa copie et la lira. Les auteurs recevront en retour une lettre de remerciements de l’Élysée. Mais revenons au début de l’histoire de cet album qui fait suite aux deux précédents … La Flottille 11F, ses pilotes et ses Super Étendard sont toujours embarqués sur le porte-avions "Charles de Gaulle" croisant dans l’océan Indien dans le cadre d’une coalition internationale luttant contre le groupe terroriste Al-Mountaqimoun présent en Arakistan. De retour d’un vol au-dessus de ce pays, "Phoebus", ex-"Rabbit", le "Black Cat" de la Flottille à qui arrive habituellement tous les pépins, a des ennuis avec la jambe de train avant de son Super Étendard et doit se dérouter en urgence à Qalabad au Pakistan. Mais l’accueil sur place n’est pas celui escompté et le pilote français se voit simplement jeté en prison par les Pakistanais. Voici un album comprenant deux volets toujours aussi bien ficelés. Un moment donné, lorsque "Phoebus" s’évade de sa prison pakistanaise, plusieurs scènes me rappellent quelques aventures de Tintin. Quand vous lirez cet album, vous comprendrez …

Tous les spécialistes d’aviation militaire connaissent le Tiger Meet réunissant régulièrement tous les escadrons de l’OTAN ayant le tigre comme emblème pour effectuer des exercices communs. Même si la Flottille 11F a choisi l’hippocampe ailé comme insigne d’unité, elle est malgré tout toujours invitée à cette manifestation pour le moins colorée car, dans le passé, elle était embarquée sur le porte-avions "Clemenceau" qui, lui, avait le tigre comme symbole. L’héritage et les traditions, n’est-ce-pas ! Toujours est-il que Fleuret, Mittelberg et les autres pilotes de la 11F sont de retour à leur base de Landivisiau dans le Finistère après leur déploiement sur le "Charles de Gaulle" dans l’océan Indien. Certains d’entre eux sont sélectionnés pour participer au Tiger Meet qui se déroule sur la base aérienne de Cambrai. Mais, souvenez-vous, Tarik ben Kadar, le chef des terroristes Al-Mountaqimoun, a juré qu’il voulait la perte de la France. Coïncidence ou non, un des pilotes militaires turcs présent au Tiger Meet semble avoir un comportement suspect … Cet épisode est probablement à classer dans les meilleurs de la série Missions Kimono jusqu’à présent. Les dessins d’avions et d’hélicoptères de Francis Nicole sont absolument superbes !

Une équipe de pilotes et de techniciens de la Flottille 11F est envoyée au Pakistan pour récupérer le Super Étendard de "Phoebus" (voir album # 7) sous la protection des autorités et des forces armées locales. Pour se rendre à Qalabad où se trouve le jet, l’équipe, accompagnée de Sadia, une interprète, embarque à Islamabad à bord d’un Fokker F-27 Friendship militaire pakistanais. Mais en chemin, des militaires prennent le contrôle de l’appareil et mettent l’équipage en incapacité de piloter. Fleuret et Mittelberg prennent les commandes du bimoteur, mais ils sont obligés d’effectuer un atterrissage forcé en pleine zone montagneuse. Indemnes, "Mittel" et Sadia partent à pied à la recherche de secours, mais se font enlever en chemin. Cet épisode doit être vu comme l’étape où tous les éléments du scénario se mettent en place pour une belle finale à découvrir dans le suivant. On a hâte !

Une opération militaire est montée dans les montagnes pakistanaises par les Français, épaulés par une équipe belge de drones B-Hunter, en vue de retrouver "Mittel" et Sadia qui sont prisonniers des terroristes d’Al-Mountaqimoun toujours dirigés par Tarik ben Kadar. Cet album représente l’apothéose de cette série de six épisodes. En effet, le détail du scénario de cette opération CSAR (Combat Search and Rescue) est absolument époustouflant. Il recèle un réel suspense, digne d’un excellent film d’action, tel qu’il est extrêmement rare d’en trouver dans des bandes dessinées. L’opération tourne autour de la mise en œuvre de l’hélicoptère Airbus Helicopters H225M Caracal (ex-Eurocopter H725 !), dérivé "hi-tech" de AS532 Cougar, lui même dérivé de l’AS332 Super Puma qui est une extrapolation du SA330 Puma … À l’époque où se déroule cette opération, le dernier-né de cette "famille de félins" n’en est encore qu’à ses premiers essais opérationnels, ce qui ajoute un caractère inédit à cette histoire. "La nuit du Caracal" est probablement une des meilleures BD aéronautiques qui existe ! Bravo à Jean-Yves Brouard et Francis Nicole.

Détachés sur la base de Nîmes-Garons où ils pratiquent des simulations d’appontages, les pilotes de la Flottille 11F cohabitent avec leurs collègues de la 21F volant sur Bréguet Atlantique. Évidemment, une saine rivalité et quelques coups fourrés voient le jour jusqu’au moment où les deux flottilles sont envoyées en Afrique pour effectuer des tirs et des démonstrations du missile Exocet en mer. C’est ainsi qu’un Atlantique 2 de la 21F est expédié à Dakar tandis que les Super Étendard de la 11F embarquent à bord du porte-avions "Charles de Gaulle". Simultanément se déroule un rallye aérien de petits avions de tourisme dans la région et une organisation terroriste se met en place également dans le secteur … On a comme l’impression que ça va chauffer en Afrique de l’Ouest. Une fois de plus, nous avons droit à un scénario de Jean-Yves Brouard qui mélange subtilement fiction et documentaire, et dont le suspense se met en place pour l’album suivant. Quant aux dessins de Francis Nicole, je les trouve parfaits, surtout les avions. La mise en page est également moderne et dynamique. Il est intéressant de voir que les auteurs se sont amusés en choisissant les immatriculations des petits avions de tourisme car on note un F-WOLF pour l’ATR-42 d’accompagnement, F-GAGA pour un Cessna 172 Skyhawk et F-GLUB pour un Robin DR.400 finissant au fond de l’océan ! Dans la vraie vie, F-GAGA est un Cessna (Reims) F177RF Cardinal et, par contre, je n’ai rien trouvé pour F-GLUB et F-WOLF.

Alors que tout le dispositif se met en place pour préparer les tirs de missiles Exocet, l’Atlantique 2 de la 21F détaché en Afrique commence ses patrouilles à proximité de la zone prévue pour cette démonstration. Au cours de l’une d’elles, son équipage repère un cargo au comportement quelque peu suspect : le "Winner". À juste titre, d’ailleurs, car c’est à partir de celui-ci qu’un commando terroriste, à bord d’une petite embarcation rapide, part à l’assaut de la plate-forme pétrolière Akoum-2. Quant aux pilotes de la 11F embarqués sur le porte-avions "Charles de Gaulle" croisant également dans le secteur, ils se concentrent sur leur mission de tir Exocet avec leur Super Étendard. L’histoire débutée avec l’album précédent continue, donc, sur les chapeaux de roues. Elle met clairement en évidence le rôle joué par les Atlantique 2 dans le cadre d’opérations aéronavales. D’ailleurs, celle-ci est basée sur quelques idées proposées par Julien "Tweex" Grach, un opérateur Transmissions et Guerre électronique à bord d’un avion de ce type de la 21F. Le seul point que je trouve un peu tiré par les cheveux est l’éjection de "Phoebus" (le "Black Cat", vous vous souvenez) de son Super Étendard et, surtout, son atterrissage pile sur le cargo "Winner" en pleine tempête. Mais nous sommes dans une bande dessinée, ne l’oublions pas !

Au cours d’un exercice au départ de Landivisiau, Tchékhov, un des pilotes de la Flottille 11F évoluant sur Rafale, éprouve des difficultés d’orientation spatiale et, à la blague, pour justifier ses manœuvres non conventionnelles déclare avoir été enlevé par un OVNI ! Puis la Flottille embarque sur le porte-avions "Charles de Gaulle" qui, un moment donné, doit s’éloigner de plus en plus vers le nord à cause d’un nuage de cendres émanant d’un volcan en Islande qui empêche toute activité aérienne dans son secteur. Mais, durant des exercices, les pilotes de la 11F observent des phénomènes bizarres pouvant s’apparenter à des OVNI … Ce premier d’une série de trois albums amène le lecteur simultanément dans le monde ultra-réaliste de l’aviation militaire et dans celui de la science-fiction. Ce savant mélange n’est pas évident à réaliser, mais les auteurs s’y prennent bien.

Le porte-avions "Charles de Gaulle" croise maintenant au nord du Cercle polaire arctique. Régulièrement, les pilotes embarqués effectuent des rencontres avec les OVNI lors de leurs sorties. Mittel a découvert que ces derniers semblent vouloir inciter les Français à se diriger vers l’île Tsiolkovski située au large de la Norvège, mais appartenant à la Russie. Une première reconnaissance aérienne prudente est organisée et un message "SOS" est photographié à la surface de l’île par les pods sophistiqués du Rafale de Jacques-Yves Fleuret. Une discrète opération maritime mettant en œuvre le sous-marin "Casabianca" est organisée afin de découvrir le mystère que cache cette île, ceci sans éveiller un quelconque soupçon de la part des Russes. Cet album est dans la lignée du précédent et est donc un subtil mélange d’opérations militaires, de science-fiction et de suspense. Par ailleurs, l’amateur d’aéronefs russes va se régaler avec de très beaux dessins d’Ilyushin IL-38, de Mil Mi-10 et de Sukhoi Su-30.

Deux avions de patrouille maritime russes Ilyushin IL-38 sont interceptés par les OVNI qui semblent vouloir privilégier l’intervention militaire française sur l’île Tsiolkovski. Sur celle-ci, aux dires du scientifique russe rescapé, Igor Lazarev, il existerait un élément extra-terrestre incontrôlable qui serait la cause de nombreux cataclysmes dans le monde. Mais dans les milieux politico-militaires français, on se pose la question de savoir s’il vaut mieux détruire cet élément ou le récupérer à des fins de suprématie militaire … C’est certain que les amateurs du genre science-fiction vont probablement adorer la conclusion de cette histoire relatée sur trois albums. Pour ma part, étant moins attiré par la chose, j’ai un peu moins apprécié cet épisode que les précédents de la série. Par contre, sur le plan technique des opérations aériennes, cet album est du même calibre que les précédents : excellent.

Phébus, un des pilotes de la Flottille 11F, se marie, mais le lundi matin, partant pour une simple mission, il est dérouté à Mont-de-Marsan. Il ne sait pas encore qu’il n’est pas prêt de revoir son épouse. Les imprévus se succèdent avec l’interception d’un petit monomoteur tractant une banderole anti-nucléaire au-dessus de la centrale électrique de Saint-Alban et un nouveau déroutement sur Dijon-Longvic. L’histoire se poursuit de même, d’imprévus en imprévus, mais aussi avec la mise au point d’un tout nouveau pod de reconnaissance hyper sophistiqué qui intéresse les Russes au plus haut point, ou encore, avec la recrudescence d’actes terroristes commis par le Peuple islamiste du Renouveau au Moyen-Orient. La diversité est donc le point d’intérêt du scénario de cet épisode au point que le lecteur sera tenu en haleine sans qu’une réelle issue précise ne se profile à l’horizon, mis à part qu’un pilote de la 11F va trahir son pays. Sachez aussi que "l’invité surprise" de cet album, ainsi que du suivant, est Barack Obama.

Une action simultanée des principaux pays occidentaux a lieu afin d’éradiquer des groupuscules terroristes en Afrique et au Moyen-Orient. Pour les pilotes de la 11F embarqués à bord du porte-avions "Charles de Gaulle", c’est une cible au Yémen qui leur est attribuée. Profitant de l’occasion, le pilote traitre tente de livrer un Rafale équipé du fameux nouveau pod de reconnaissance français aux Russes sur l’île yéménite de Socotra dans l’océan Indien. Heureusement, celle-ci échoue, mais il prépare un nouveau plan pour l’aérodrome désaffecté de Pasni au Pakistan. L’histoire se poursuit donc selon le même rythme que celui initié dans l’épisode précédent et les imprévus continuent à se succéder. On adore ça !

Le porte-avions "Charles de Gaulle" poursuit son périple imprévu vers Sumatra pour fournir une aide humanitaire suite à un tremblement de terre. Ensuite, c’est la Nouvelle-Calédonie où des émeutes initiées par des indépendantistes nécessite un renfort de moyens militaires français. Puis vient l’Amérique du Sud … Tout au long de cet interminable voyage, Tchékov, un des pilotes de la Flottille 11F embarquée sur le porte-avions, essaye de pouvoir livrer un Rafale équipé du nouveau pod de reconnaissance. Une opportunité semble se présenter en Colombie … Cet album achevant cette série de trois est dans la lignée des deux autres. Toutefois, la fin est surprenante !

Petit changement en ce qui concerne ce 19ème album de la série, il s’agit d’un recueil de six histoires courtes réalisées par un collectif de trois dessinateurs : Claire Bigard, Francis Nicole et Carlo Velardi. Le scénario est, quant à lui, toujours l’œuvre de l’infatigable Jean-Yves Brouard et a pour thème différentes opérations de sauvetage. À l’exception du dernier récit "Traquenard sur le reg" qui fait la part belle essentiellement à l’Armée de l’Air, tout les autres ont pour fil conducteur des aventures impliquant les pilotes de la Flottille 11F de la marine Nationale. À noter "Bengale, de Tracker !" où le crash d’un Rafale sert de prétexte pour présenter quelques aéronefs de la Sécurité Civile ainsi que leurs méthodes d’intervention lors d’incendies de forêts. Vraiment intéressant !

"Milena", c’est le nom d’une jolie interprète transbalte, mais reprenons tout ceci par le début. La Transbaltie (un pays 100% fictif, mais dont la situation ressemble à celle de l’Ukraine, bien qu’une carte dans un dessin place plutôt le pays au niveau de la Biélorussie) est en proie à des incursions de troupes rebelles pro-russes. L’OTAN est chargée de fournir un appui militaire aux autorités légitimes transbaltes. La France y prend part et quatre avions Rafale de la Flottille 11F de la Marine sont envoyés sur la base de Sevoni ainsi que leurs pilotes : Mittel, Diesel, Kakou et Castor. Sur place, ce dernier fait la connaissance de Milena pour laquelle il éprouve un certain attrait. Après avoir abattu un avion L-39 rebelle, Castor a l’opportunité de participer à une mission terrestre en compagnie de Milena afin d’aller interroger son pilote. Au contraire d’autres séries du genre, où leurs auteurs sont en mal d’imagination pour réaliser des scénarios qui ne sont pas farfelus ou à tirer par les cheveux, ici Jean-Yves Brouard se distingue encore en choisissant un cadre réaliste basé sur l’actualité comme trame de fond pour créer son histoire. Et le résultat est concluant ! Il n’y a pas de temps morts dans l’action. Et comme dans la vraie vie, avec la vision du monde politique occidental, ce sont les Russes qui sont les "mauvais" dans l’histoire… Mais ils ont de très beaux avions admirablement dessinés par Carlo Velardi et Andrea Rossetto. Ainsi, je trouve que la couverture représentant des Sukhoi Su-30 et Su-57, dessinée quant à elle par Francis Nicole, est vraiment très réussie, de même que le dessin du Tupolev Tu-160 Blackjack de la planche #3.

Si vous avez aimé l’épisode précédent "Milena", vous aimerez également "Les loups de Linz" qui est, en fait, la suite de celui-ci. L’action se déroule encore en Transbaltie, et, cette-fois-ci, un Tupolev gouvernemental est pris pour cible par un missile sol-air SA-7 protégé par une paire de Rafale français. Par la suite, un convoi est formé en vue d’effectuer un échange de prisonniers à un check-point, mais, au retour, il est intercepté par un peloton de blindés hostile dans une embuscade tendue à la sortie du tunnel de Linz. Il s’en suit une opération d’extraction qui ne se passe pas tout à fait comme prévu. Je dirais, donc, que ce 21ème album est dans la lignée des autres et que ceux qui aiment les opérations militaires seront comblés. Par ailleurs, tout comme c’était le cas dans le numéro 20, on continue de voir des aéronefs moins courants comme un Tupolev Tu-204 ou un PZL Sokol. On aime ça quand c’est varié !

Si du côté américain, il y a Buck Danny et du côté canadien, Dan Cooper, chez les Français le binôme d’aviateurs de l’Armée de l’Air s’appelle Michel Tanguy et Ernest Laverdure. Alors que le premier est un pilote sérieux et sans aucun mauvais côté, le second est, quant à lui, le petit comique gaffeur de service qui vient injecter humour et facéties dans les scénarios plutôt stricts émanant de l’imagination de Jean-Michel Charlier, le scénariste belge ayant, notamment, bon nombre d’albums de Buck Danny à son actif. Pour ce qui est des dessins, les premiers albums de la série originale ont été réalisés par Albert Uderzo, à qui l’on doit aussi Astérix, puis par Jigé, Patrice Serres et Al Coutelis. Après le décès de Jean-Michel Charlier en juillet 1989, la série est arrêtée au terme du 25ème album. Toutefois, à partir de 2002, elle reprend avec Jean-Claude Laidin au scénario et avec Yvan Fernandez, Renaud Garreta, Frédéric Toublanc, Julien Lepelletier et Sébastien Philippe aux dessins. À noter que cette série de BD a été adaptée sous forme de séries télévisées exceptionnelles en 1967 et en 1981. En 2005, c’est un film intitulé "les Chevaliers du Ciel", directement inspiré des aventures de Tanguy et Laverdure (même s’ils ne portent pas ces noms-là au grand écran), qui est réalisé.

Voir aussi : Les aventures "Classic" de Tanguy et laverdure.

Ce recueil contient deux histoires distinctes : la première est divisée en deux titres, "L’école des Aigles" et "Pour l’honneur des cocardes", tandis que la seconde, "Danger dans le ciel", est relatée en un seul épisode. Il s’agit, en fait, des trois premiers albums des pilotes militaires français Michel Tanguy et Ernest Laverdure. Tout débute à l’école de Meknès au Maroc où ceux-ci viennent achever leur formation sur Fouga Magister et sur Lockheed T-33. Immédiatement on est mis au parfum des caractères des deux compères : autant Tanguy inspire la rigueur et la maîtrise de soi, autant Laverdure, tout en étant un excellent pilote, se laisse aller allègrement et devient le comique de service à qui il arrivera bien des blagues. À l’école, ils rejoignent d’autres jeunes pilotes dont un certain Jacques de Saint-Hélier, plutôt prétentieux et qui a une certaine peur du vol, ce que ne manque pas de remarquer l’instructeur Darnier qui le prend en grippe. À Colomb-Béchard, une base française éloignée au confins du Sahara, se prépare le lancement d’une nouvelle fusée porteuse d’une ogive ultra-secrète. Lors du tir, celle-ci dévie de sa trajectoire et s’écrase dans le Haut-Atlas. La base de Meknès est alertée et tous les pilotes sont mis à contribution pour la retrouver. Mais une puissance étrangère non identifiée, extrêmement bien équipée, met tout en œuvre pour y arriver avant les Français. Le ton est donné : on retrouve un scénario dynamique signé Jean-Michel Charlier du même calibre que ceux de la série "Buck Danny". Quant aux dessins d’Uderzo, le style est sans doute un peu plus confus que celui de Victor Hubinon, mais on l’aime tout autant. Par ailleurs, pour cette histoire, ainsi que la suivante, la puissance ennemie non identifiée utilise des avions totalement issus de l’imagination des auteurs … Pourquoi pas, finalement. L’histoire de "Danger dans le ciel" débute à la base de Creil où Tanguy et Laverdure sont affectés. Bien entendu, Laverdure se fait remarquer et les deux pilotes subissent la panoplie complète des blagues réservées aux "bleus". Au même moment, à Melun-Villaroche un prototype révolutionnaire d’avion à décollage et atterrissage verticaux est mis au point. Bien entendu, une puissance étrangère disposant d’espions et de complices en France, met au point un vol d’espionnage devant survoler Melun-Villaroche. Mais les pilotes de Creil veillent au grain … En plus de la reprise des trois albums, ce recueil contient également quelques pages illustrées décrivant le scénariste Jean-Michel Charlier et son travail, une reproduction d’une page de "Marc Laurent, pilote d’essai" (le précurseur de Michel Tanguy), ainsi que deux pages descriptives à propos du Lockheed T-33, un des avions piloté par Tanguy et Laverdure dans les deux premiers épisodes.

Ce recueil reprend l'intégralité des albums : "École des Aigles" (1), "Pour l'honneur des cocardes" (2) et "Danger dans le ciel" (3).

Ce second recueil de trois albums débute par une mise en contexte de sept pages présentant certains aspects de l’Armée de l’Air à l’époque où se déroule ces aventures des pilotes Michel Tanguy et Ernest Laverdure. La première de celle-ci, "l’Escadrille des Cigognes", débute à la base de Creil lorsque les deux compères apprennent qu’ils sont mutés à Dijon-Longvic où ils vont voler sur le Dassault Mirage IIIC, le fer de lance de l’Armée de l’Air française. Bien entendu, Laverdure y met du sien pour que le départ de Creil soit mémorable et l’arrivée à Dijon fracassante ! Une fois sur place, ayant acquis de l’expérience sur Mirage, ils se voient confiés la mission de former deux pilotes australiens venus évaluer le chasseur français, car ce pays serait intéressé par l’acquisition de ce type d’avion. Mais les deux Australiens ont un comportement bizarre aux yeux de certaines personnes … Ce scénario est un des classiques de Jean-Michel Charlier. Il sera, d’ailleurs, repris quasi intégralement dans l’extraordinaire série télévisée des "Chevaliers du Ciel". Pour le second titre, "Mirages sur l’Orient", on continue dans la même lignée de scénario : ce sont maintenant les Israéliens qui sont intéressés par le Mirage III. Tanguy et Laverdure sont donc expédiés avec deux autres pilotes à la base de Lod en Israël où ils devront impressionner le comité de sélection de la Force aérienne israélienne et, notamment, le Colonel Arf qui semble avoir un apriori farouchement défavorable pour le Mirage. Par ailleurs, en chemin vers Israël, un manufacturier concurrent à Dassault s’efforce de créer des ennuis au groupe de quatre Mirage III. Dans le troisième album, "Canon Bleu ne répond plus", quatre Mirage IIIE dernier-cri sont envoyés en essais en condition hivernale au Groenland. Bien entendu Tanguy et Laverdure sont de la partie. Mais un groupe étranger aimerait bien mettre la main sur un exemplaire de cette dernière version ultra sophistiquée du chasseur de Dassault et de ses équipements. Au cours de cet épisode, nous avons droit à un petit clin d’œil de la part du scénariste. En effet, nous assisterons à la première rencontre entre les héros français et leurs homologues américains, Buck Danny, Tumbler et Tuckson, également issus de l’imagination de Jean-Michel Charlier. Pour connaître la fin de l’histoire, il faudra attendre le troisième recueil …

Ce recueil reprend l'intégralité des albums : "École des Aigles" (4), "Pour l'honneur des cocardes" (5) et "Danger dans le ciel" (6).

Ce troisième recueil débute avec "Cap Zéro", la suite, en fait de "Canon Bleu ne répond plus" du tome précédent. Le Mirage IIIE subtilisé à Laverdure est toujours aux mains des espions étrangers au Groenland. Ils tentent de le faire décoller, mais de justesse, le pilote français arrive à saboter l’appareil qui, trop endommagé, ne peut repartir. Qu’à cela ne tienne, les espions font venir un avion cargo afin d’embarquer le Mirage démonté. Bien entendu, Tanguy ne s’avoue pas vaincu … Avec les "Pirates du ciel", on passe du froid glacial du Groenland à la chaleur de l’Afrique. En effet, les Mirage de l’Escadrille des Cigognes, en tournée de démonstration, sont à Bamako lorsqu’un Douglas DC-6 civil sans intérêt est abattu en plein vol par un pilote mercenaire volant sur un P-51 Mustang. Tanguy et Laverdure enquêtent à propos de ce mystère et constatent que le quadrimoteur a été descendu par méprise à la place de l’avion présidentiel dont le vol, au dernier moment, a été annulé. Les deux pilotes partent, dès lors, aux trousses des pirates en leur tendant un piège. Au début de l’épisode "Mission Spéciale", Tanguy et Laverdure prennent enfin une pause et sont invités à prendre goût aux sports d’hiver à La Plagne. Évidemment, la présence de Laverdure dans la station et sur les pistes de ski est loin d’être discrète. De plus, il tombe sous le charme d’une certaine Corine Mercier. Mais les vacances sont de courte durée, car le duo est rappelé à Dijon pour accueillir un pilote d’essai indien venu tester le Mirage préalablement à l’acquisition potentielle de ce chasseur par l’Indian Air Force. Or, un groupe étranger ne l’entend pas de cette oreille et met tout en œuvre pour discréditer l’appareil de Dassault. Au niveau du scénario, on continue, donc, avec le thème déjà très largement exploité "des méchants qui en veulent au Mirage" et de Laverdure totalement maladroit, au point d’être littéralement saturé de gags trop prévisibles. Du côté des dessins, avec "Mission Spéciale", il y a un gros changement. En effet, Jigé succède à Uderzo dans cet album, car ce dernier a du mal à continuer simultanément les aventures de Tanguy et Laverdure et celles d’Axtérix et Obélix. Toutefois, afin d’assurer une transition en douceur, les 16 premières planches sont réalisées conjointement par les deux dessinateurs. Par la suite, Jigé continuera seul la série avec Jean-Michel Charlier.

Ce recueil reprend l'intégralité des albums : "Cap Zéro" (7), "Pirates du ciel" (8) et "Mission spéciale" (9).

Tanguy et Laverdure sont envoyés à Nellis Air Force Base au Nevada avec une délégation de l’Armée de l’air équipée de Dassault Mirage 2000 et de Rafale afin de participer au célèbre exercice de guerre aérienne "Red Flag". C’est l’occasion pour les Français de se mesurer aux meilleurs pilotes de nombreux pays lors de simulations de combats réalistes. Mais le sort semble s’acharner sur les Rafale et, à chaque mésaventure, dans les colonnes d’un journal local, un journaliste insiste particulièrement sur les déficiences éventuelles du fleuron de Dassault. De quoi avoir un certain doute sur le caractère inopiné des événements … Bon, que dire sur ce scénario ? Je dirais que vous prenez une série d’idées de Jean-Michel Charlier que l’on retrouve dans les nombreux albums de Buck Danny ainsi que de Tanguy et Laverdure, et que vous mélangez le tout avec une sauce qui, par moment, peut être difficile à avaler. À noter que, justement, Buck Danny et ses compères Tumbler et Tuckson, interviennent dans l’histoire. Assez curieusement, d’ailleurs, Ernest Laverdure ne semble pas reconnaître et apprécier Sonny Tuckson qu’il a pourtant rencontré à l’époque des "Blue Angels" à Karachi au Pakistan et avec qui il avait fraternisé …

Les aventures "Classic" de Tanguy et Laverdure

Tout comme pour Buck Danny, une nouvelle série "Classic" replongeant les deux aviateurs français dans le passé a été lancée en 2016. Ah la nostalgie de ces vieilles séries dont on ne se lasse pas de les faire revivre !

Le Mirage F-1 est dans sa phase finale des essais en vol. Des pilotes issus de forces aériennes étrangères rejoignent Tanguy et Laverdure à Istres afin d’évaluer le nouvel appareil français en vol. C’est ainsi, qu’à tour de rôle, l’Allemand Ernst Lübbe, l’Américain Lewis B. Stinson, l’Italien Cristobaldo Ruggieri et le Sud-Africain Piet Jorgens essayent le Mirage F-1, mais de nombreuses anomalies apparaissent durant les vols. Fort heureusement, à chaque fois, les pilotes d’essai étrangers parviennent à ramener l’avion à bon port. Il n’en faut pas plus pour jeter certains doutes au sein de l’équipe quant à la fiabilité du nouveau Mirage. Quel plaisir de retrouver une histoire concoctée par feu le scénariste liégeois Jean-Michel Charlier ! En fait, celle-ci avait été publiée, à l’époque, sous forme de roman. Elle a été adaptée à la bande dessinée par Patrice Buendia qui, je pense, ne trahit en rien l’esprit original du récit. Quant aux dessins de Matthieu Durand, il est excellent, car on retrouve des éléments du style original d’Uderzo associé à des représentations d’avions absolument superbes. J’ai presque tendance à dire qu’il s’agit d’un des meilleurs albums (le meilleur ?) des aventures de Tanguy et Laverdure que j’ai eu l’occasion de lire quant à son ensemble, scénario et dessins. Vivement le second épisode !

Le pilote italien Cristobaldo Ruggieri est tué dans un accident mystérieux impliquant un prototype du Mirage F1 qui fait suite à plusieurs autres incidents. Très rapidement, la thèse du sabotage est confirmée. Débute alors une enquête à laquelle Tanguy et Laverdure contribuent. Elle vise à démasquer le coupable qui se trouve forcément parmi des pilotes étrangers chargés d’évaluer l’avion français à Istres. Comme dans le précédent album, on retrouve au fil de l’histoire du Jean-Michel Charlier tout craché, au point que, si l’on a déjà lu l’ensemble de la collection des Buck Danny ainsi que des aventures de Tanguy et Laverdure, il y a bon nombre de situations déjà vues qui peuvent apparaître comme étant éventuellement du réchauffé. Mais, malgré tout, des rebondissements dans le scénario en font une histoire à part entière qui devrait séduire les inconditionnels des bandes dessinées classiques d’aviation. À ceux qui décrient les reprises d’anciennes séries BD, sachez que, dans ce cas-ci, c’est une réussite ! Bravo à Patrice Buendia et Matthieu Durand !

Les albums Team Rafale ont tous été créés sur des scénarios de Frédéric Zumbiehl, un ancien pilote militaire de l’Aéronavale française devenu pilote professionnel dans le civil par la suite. Actuellement, il est un des scénaristes aéronautiques les plus en vue car il contribue à plusieurs séries et a aussi repris les scénarios des aventures mythiques de Buck Danny. Team Rafale, qui ne plaira certainement guère aux pacifistes, est commanditée par Dassault, l’Armée de l’Air Française ainsi que d’autres équipementiers français fournisseurs de la Défense nationale. Particularité en ce qui concerne des albums de BD, les dernières pages de chaque livre sont présentées sous forme de magazine aéronautique traitant de sujets tels que le Rafale ou des escadrons l’opérant, ou, encore, présentant du matériel réalisé par les commanditaires de la série. Il y a également des entrevues de pilotes et de commandants d’escadrons, le tout sous la plume de Frédéric Lert, un journaliste aéronautique bien apprécié dans le milieu, et illustré avec les splendides photographies d’Alexandre Paringaux dont la réputation n’est plus à faire en la matière. Il faut dire que les éditions Zéphyr ont été fondées par ce dernier … Une page dédiée au recrutement au sein de l’Armée de l’Air Française ne manque évidemment pas non plus. Je pense que cette initiative est fort intéressante afin d’accrocher nos jeunes qui, de nos jours, ne consultent plus les magazines aéronautiques.

Ce premier album de cette série donne une grosse impression de déjà-vu avec un scénario quasi calqué sur certains épisodes de Buck Danny. Tom Nolane est un pilote de Rafale de l’Armée de l’Air Française roulant un tantinet des mécaniques et aussi un tantinet amoureux d’une collègue, Jessica Nate. Le duo est envoyé à Djakarta au sein d’une importante délégation militaire française devant participer à un meeting aérien. D’autres pays sont également présents car, au terme des présentations, les autorités indonésiennes auront à choisir de nouveaux avions de combat. Bien évidemment, une grosse puissance industrielle occulte va tout mettre en œuvre pour que les Français ne puissent livrer une prestation concluante de leurs Mirage et Rafale. Si le scénario de cet épisode semble être un plat réchauffé comme déjà évoqué, la séquence visant à abattre le Rafale en pleine vile est absolument irréaliste à mon sens et difficilement imaginable dans un contexte réel. Par contre, les dessins d’Éric Loutte, que l’on connaissait pour avoir illustré certains épisodes de Biggles, sont simplement magnifiques; c’est du grand art.

Un groupe terroriste transfère une cargaison d’or afin de financer ses activités. Une force conjointe américano-française est mise sur pied afin d’intercepter ce trésor qui doit transiter dans la corne de l’Afrique et l’Escadron 1/7 de Saint-Dizier expédie dare-dare des Rafale à Djibouti. Aidés par des moyens déjà en place incluant un AWACS et un KC-135, Tom Nolane, Jessica Nate et les autres pilotes français partent immédiatement à la recherche de cette cargaison, mais auront à faire face à de dangereux mercenaires équipés de Mig 29 qui leur donneront un peu de fil à retordre. Contrairement au premier album au scénario épuisé, celui-ci est vraiment bien ficelé et le lecteur retient son souffle jusqu’à la dernière planche. Bravo, donc, à Frédéric Zumbiehl. Par contre, les commentaires et remarques du "macho de service" sont inutiles et même lassants. Quant aux dessins, pour cet épisode, Matthieu Durand a succédé à Éric Loutte sans que l’on s’aperçoive d’un réel changement en ce qui concerne les aéronefs. Pour ce qui est des personnages, ils me semblent un peu plus "bruts", mais toujours crédibles.

Un satellite ultra-secret français est percuté dans l’espace et devient incontrôlable. Dénommé « Nexus One », il est constitué d’un processeur révolutionnaire qui intéresserait bien du monde. Après sa rentrée dans l’atmosphère, il s’écrase dans le massif de l’Indou-Kouch, en territoire afghan. Par coïncidence, Tom Nolan et Jessica Nate ainsi que leurs collègues de l’Escadron 1/7 évoluant sur Rafale sont précisément dans cette région du monde et le voient s’écraser sous leurs yeux. Mais l’épave du satellite tombe aux mains des Talibans qui essaient de vendre leur butin au plus offrant. Les Français, avec le soutien de leurs services de renseignement, vont donc monter une opération militaire afin de le récupérer. Bien évidemment, les choses ne tournent pas comme initialement escomptées … Avec ce troisième album, Frédéric Zumbiehl nous signe un autre excellent scénario fait de suspense et d’action qui se prolongera avec le quatrième titre. Quant aux dessins d’Éric Loutte, ils sont absolument parfaits quant à moi.

Suite de l’épisode précédent … Les opérations en vue de mettre la main sur le processeur quantique du satellite « Nexus One » se poursuivent. L’intensité du scénario croît avec au fur et à mesure de la lecture et des actions dont l’issue est continuellement entravée. Entre-temps, les Talibans ont vendu le processeur au marchand d’armes Anatoli Gurchev qui envoie un mercenaire à bord d’un Yak-38 Forger pour venir en prendre livraison directement en Afghanistan. Fort heureusement, l’Armée de l’Air veille. Mais va t-elle être en mesure d’empêcher que sa technologie secrète ne lui échappe ? Mis à part une séquence de combat de rue un peu invraissemblable, le reste du scénario est dans la lignée du précédent, c’est-à-dire très bon. Par ailleurs, le taux de commentaires de drague destinés à Jessica Nate a fortement diminué, pour le meilleur, à mon avis. Quant au dessin, Matthieu Durand a repris le relais d’Éric Loutte. Même s’il aurait été intéressant d’avoir une certaine continuité dans le dessin entre les deux albums relatant la même histoire, au bout du compte, ça ne se remarque pas trop.

À la veille d’un sommet du G8 à Londres, deux prototypes d’UCAV « Black Shark » sont présentés aux autorités militaires françaises au centre d’essai des Landes. Il s’agit de drones de combat de la toute dernière génération que le mari de Jessica Nate tente de promouvoir comme successeurs des avions actuels aux armées de différents pays. Toutefois, préalablement à une présentation au Royaume-Uni, ils se font voler sur les docks de Londres par un hélicoptère Skycrane. Simultanément, les mesures de protection se mettent en place en vue du G8 et les Rafale de Tome Nolane et Jessica Nate sont envoyés en renfort aux côtés des forces anglaises et américaines. Un moment donné, les deux drones, ainsi qu’un QF-4 Phantom II télécommandé, foncent vers le château de Kildhorn où se trouvent réunis les chefs d’états. Il est évident qu’il devient de plus en plus difficile pour un scénariste de trouver des idées nouvelles. Frédéric Zumbiehl fait appel cette fois-ci à des UCAV imaginaires, mais dont la technologie qu’ils utilisent est fort plausible. L’histoire est bien ficelée et se poursuit dans les deux albums suivants. Du côté des dessins, c’est Michel Lourenço qui a pris le relais d’Éric Loutte et de Matthieu Durand ce qui fait que le style change quelque peu, surtout au niveau des personnages qui sont un peu plus figés et qui manquent parfois d’attitudes réalistes. Mais la critique est si aisée …

L’attaque du château de Kildhorn par les deux drones et le Phantom télécommandé a réussi sans toutefois atteindre les chefs d’états. Le mari de Jessica Nate est arrêté par les autorités britanniques de même que celle-ci pour leurs liens avec l’entreprise fabricant les Black Sharks. Quant à Tom Nolane, il est interdit de vol. N’étant pas à court de ressources et aidés par des factions dissidentes de l’IRA, les terroristes s’en prennent à un convoi routier supposé transporter le président des États-Unis vers la base aérienne de Leuchars. Cet épisode se poursuit, comme les précédents, sur les chapeaux de roues, mais je trouve qu’il commence à y avoir un peu trop d’invraisemblances à mon goût. D’un autre côté, il s’agit d’une histoire et non de la réalité (heureusement, d’ailleurs !) … Laissons donc les choses aller selon les idées du scénariste.