5 août 2014. Après Auschwitz, Birkenau et la forteresse Patarei à Tallin, voici un autre site commémoratif de la cruauté humaine que j’ai l’occasion de visiter. Il s’agit de la prison S21 de Phnom Penh devenue, depuis, un musée exprimant les exactions et les tortures commises par les Khmers rouges avec Pol Pot à leur tête.
Monsieur Chum Mey au musée du génocide Tuol Sleng (prison S21) - Phnom Penh - 05-08-2014.
Ce centre de détention et de torture est situé, en fait, dans une ancienne école dont les salles de classe ont été "adaptées" en petites cellules. Je vous mets en lien ci-après quelques pages informatives ainsi qu'une séquence vidéo qui vous expliqueront les cruautés qui y étaient commises. 20000 prisonniers auraient "transités" par la prison S21 et, à la libération de celle-ci, il ne restait que sept survivants. Parmi ces sept personnes, deux sont encore en vie actuellement et j’ai eu le privilège de les rencontrer toutes les deux : il s’agit de messieurs Bou Meng et Chum Mey, dont je devrais lire le livre "Le survivant" bientôt.
Monsieur Bou Meng au musée du génocide Tuol Sleng (prison S21) - Phnom Penh - 05-08-2014.
Une école devenue centre de torture et de détention :
Les jeunes désoeuvrés sont un problème endémique des milieux urbanisés et Phnom Penh n’y échappe pas. Afin de les sortir de la rue et de leur apprendre un travail valorisant qui est de plus en plus en demande du fait de l’accroissement du tourisme au Cambodge, plusieurs initiatives visant à leur enseigner les métiers de la restauration ont vu le jour. Vous pouvez les encourager en allant dîner ou souper dans leurs restaurants, ce que j’ai eu l’occasion de faire à deux reprises. Dans chaque cas, le service était absolument impeccable et la nourriture délicieuse. Au restaurant Romdeng, j’ai été plus attentif à la façon dont les choses se déroulent. Chaque jeune apprenti est encadré par un autre plus expérimenté qui lui explique et lui montre les gestes à effectuer pour servir le client correctement. Le résultat est digne des meilleurs restaurants.
Amok - Phnom Penh - 05-08-2014.
La nourriture au Cambodge.
La nourriture au Cambodge est délicieuse et savoureuse sans être compliquée. Le plat national, l’amok, en est le meilleur exemple. J’ai aussi beaucoup aimé la bière Anchor qui, à mon avis devrait être exportée. Enfin, à Siem Reap, on m’a conseillé le restaurant Kanell qui présente une subtile fusion des cuisines cambodgiennes et françaises. J’y suis allé et j’ai très apprécié cette expérience culinaire. En fait, jamais je n’ai mal mangé au Cambodge.
Du 3 au 6 août 2014. La première image que l’on retient de Phnom Penh dès la sortie de l’aéroport est la circulation absolument dantesque. Ce sont ainsi des milliers de motocyclettes et des centaines de tuk-tuks qui se déplacent en un flot ininterrompu dans toute la ville. D’ailleurs, la première expérience de traversée d’une grande rue ou d’un boulevard en tant que piéton nécessite un brin de confiance en soi, sinon, il est certain que l’on va rester longtemps à attendre sur le trottoir. Le truc, que l’on acquière vite si l’on souhaite se déplacer à pied, consiste à se lancer sans hésitation dans le flux des motos et leurs conducteurs s’efforceront de vous éviter. C’est comme ça que ça fonctionne à Phnom Penh !
Monument de l'indépendance - Phnom Penh - 05-08-2014.
Étant arrivé un jour à l’avance par rapport au programme prévu par Club Aventure, je profite de cette journée pour explorer les environs de l’hôtel situé sur la 69ème rue tout seul, sans appareil photo, afin de prendre le pouls de la ville. J’effectue ainsi trois promenades dans trois directions différentes qui m’amèneront à visiter le marché central ainsi que les environs du Palais royal. Je termine par une balade le long de la rivière Tonlé Sap où flottent les drapeaux de tous les pays du monde. Celui du Canada est, d’ailleurs, déchiré.
Marché russe - Phnom Penh - 05-08-2014.
Le lendemain matin, je fais connaissance avec Sopheary, ma guide, avec qui je visite, tout d’abord, le Palais royal. Celui-ci recèle des richesses insoupçonnées. Ainsi, dans la Pagode d’argent, par exemple, le sol est couvert de 5000 dalles en argent massif ! Nous continuons ensuite par le Musée national situé non loin de là. J’en fais vite le tour car je ne connais pas suffisamment en profondeur l’histoire et la culture du pays pour être en mesure d’apprécier valablement tout ce qui y est exposé.
Chauffeur de tuktuk - Colline de Penh (Wat Phnom - វត្តភ្នំ) - Phnom Penh - 05-08-2014.
Pour nous déplacer, nous avons un tuk-tuk pour la journée. Ce moyen de locomotion, constitué d’une moto tractant une sorte de carriole pouvant accueillir quatre personnes, est vraiment la façon idéale de découvrir la ville. Nous nous rendons ensuite au marché russe, puis au musée du génocide Tuol Sleng dont je vous parlerai plus longuement dans le prochain billet. Après le repas de midi pris dans un restaurant, nous grimpons au sommet de la colline de Penh où nous y visitons le temple Wat Phnom. La pagode du Wat Unalom conclut cette première journée de visite à Phnom Penh.
La 69ème rue de Phnom Penh :
69ème rue - Phnom Penh - 04-08-2014.
Première visite : le Palais royal
Palais Royal - Phnom Penh - 05-08-2014.
En route pour la suite :
Palais de justice - Phnom Penh - 05-08-2014.
Circulation en tuktuk - Phnom Penh - 05-08-2014.
Le Musée National :
Musée National - Phnom Penh - 05-08-2014.
En parcourant la ville :
Phnom Penh - 05-08-2014.
Le quartier de la poste :
Restaurant Seven Bright (en face de la poste) - Phnom Penh - 05-08-2014.
Après y être allé, lorsque l’on parle du Cambodge, c’est surtout son peuple accueillant et souriant, fier de son riche passé et de sa culture ancestrale khmère, que l’on évoque. Même si les conditions de vie sont encore très souvent bien éloignées des standards occidentaux, les Cambodgiens regardent résolument vers l’avenir, laissant derrière eux les souvenirs douloureux de la colonisation française, de la guerre du Viêt Nam, du génocide perpétré par les Khmers rouges, de la guerre civile et des mines antipersonnel. Une jeunesse dynamique est l’expression même d’un futur qui devrait être bien meilleur que ne l’a été le passé récent.
Baphûon - Angkor - Siem Reap - 09-08-2014.
Lorsque l’on aborde le sujet de l’avenir du Cambodge, on pense essentiellement au tourisme qui est pour l’instant en plein développement. Les temples d’Angkor à Siem Reap sont un des attraits majeurs du pays qui attire actuellement environ quatre millions de visiteurs par années. D’ici quelques années à peine, ce nombre devrait passer à sept millions de touristes. Des gros efforts sont donc consentis afin d’améliorer et d’augmenter le nombre des infrastructures d’accueil.
Le Cambodge a à la fois un passé extraordinairement riche et douloureux. Les périodes glorieuses sont connues comme étant celles d’avant Angkor (royaumes de Funan et de Chenla du 1er siècle après JC jusqu’en 802) et celle d’Angkor (empire Khmer de 802 à 1431). À cette époque, le territoire couvrait l’actuel Cambodge ainsi que des parties du Laos, de la Thaïlande et du Viêt Nam. C’est après 1431 que les choses se sont assombries dans ce qu’il convient d’appeler la période d’après Angkor. À partir de 1970, le Cambodge vire littéralement dans l’horreur. Tout débute par un coup d’état destituant le Roi Sihanouk, où les États-Unis auraient, d’ailleurs, été impliqués. Toujours est-il que c’est avec leur bénédiction qu’un président, Lon Nol, est mis en poste à la tête de la République khmère. Vient ensuite la Guerre du Viêt Nam et le bombardement du Cambodge commandé directement par le président Richard Nixon sans l’aval du Congrès américain. L’idée est d’écraser les Việt Cộngs qui transitent par la piste Hồ Chí Minh située au Cambodge. Les chiffres diffèrent quant au nombre de tonnes de bombes déversées sur le pays, mais il tournerait autour de 2,7 millions ! Celles-ci pouvaient être de type conventionnel ou au napalm. Assez curieusement, même après avoir ordonné une pareille atrocité, on n’a jamais accusé Nixon de crimes contre l’humanité ! La conséquence fut que la population n’eut d’autre choix que de se ranger de force du côté de Pol Pot et des Khmers rouges qui, à partir de 1975 et sous la bannière du Kampuchéa démocratique, débutèrent le génocide visant entre autres à éliminer les religieux, les intellectuels, les bourgeois ainsi que les opposants au régime de tout calibre. En 1979, l’armée vietnamienne ayant envahi le Cambodge et les Khmers rouges étant refoulés à la frontière thaïlandaise, une guerre civile éclate admirablement orchestrée en coulisse par la Chine, les États-Unis et l’Union Soviétique. Conséquence : 600 000 réfugiés cambodgiens se pressent à la frontière avec la Thaïlande en se déplaçant aux travers de champs de mines. Depuis 1993, après intervention de l’ONU, le Cambodge retrouve enfin le calme et la paix.
Je pense que ce petit résumé historique, même s’il est un peu long dans le cadre de ce blogue, devait être écrit afin que le visiteur puisse se rendre compte que, derrière les images paisibles que j’ai prises cet été, se cache un passé constitué d’horreurs et d’atrocités pour lesquelles les "grands" de ce monde se font fait les commanditaires. Rares sont les Cambodgiens avec qui j’ai parlé et dont des membres de leurs familles n’ont pas été touchés. Rares ? … Je serais presque tenté de dire aucun !
Village flottant de Kampong Luong - 06-08-2014.
J’ai été surpris d’apprendre qu’entre les Cambodgiens et les Vietnamiens ne régnait pas nécessairement le grand amour, quoique à la lecture de l’historique qui précède, on aurait pu s’en douter un peu. Actuellement, beaucoup de Vietnamiens viennent travailler et s’établissent au Cambodge ce qui cause une certaine animosité qui est parfois perceptible. Histoire connue et vécue sur d’autres continents également ...
Phnom Sampeau - 07-08-2014.
En ce qui concerne les conditions climatiques, on vous conseillera de voyager dans cette région d’Asie durant l’hiver. N’ayant pas le choix de mes périodes de vacances, j’y suis donc allé l’été, au moment, théoriquement de la mousson, de fortes chaleurs, d’averses de pluies violentes et d’inondations. Et bien, oui il a fait chaud et même très chaud lors de mes deux dernières journées à Siem Reap. Par contre, je n’ai subi qu’une seule averse de pluie, fort brève, et lorsque j’étais en voiture entre Phnom Penh et Battambang. Je n’ai donc jamais sorti l’imperméable de mon sac de toute la durée du séjour. Je n’ai pas noté d’inondations non plus, ce qui me donne à penser que notre planète commence à être déréglée pour de bon. D’un autre côté, l’été présente l’avantage qu’il y a beaucoup moins de touristes que l’hiver, ce qui est très appréciable lorsque l’on visite des centres d’intérêt tels que le Palais royal de Phnom Penh ou les temples d’Angkor.
Palais royal - Phnom Penh - 05-08-2014.
Pour ce voyage au Cambodge, n’aimant pas trop voyager seul, j’avais choisi un séjour d’une semaine organisé par Club Aventure en me disant que je partagerais cette découverte avec d’autres voyageurs sympas. Au bout du compte, j’ai voyagé tout seul, car personne d’autre que moi ne s’est inscrit ! Il est à noter le travail remarquable réalisé par le personnel de Club Aventure pour que je puisse malgré tout partir moyennant un supplément de prix ridicule et le fait de prendre tous mes repas à ma charge. Bilan de l’affaire, je n’ai pas eu à dormir dans la même chambre avec quelqu’un d’autre et j’avais une guide pour moi tout seul tout au long du périple de Phnom Penh à Siem Reap et une autre pour visiter les temples d’Angkor. Une fois sur place, le représentant de Club Aventure, Alain Montané, un Andorran éminemment sympathique et dévoué, était aux petits soins pour que mon voyage se déroule parfaitement, me téléphonant parfois plusieurs fois par jour pour vérifier que j’étais satisfait de tout. Tombé sous le charme du Cambodge et de sa population, il s’est établi à Siem Reap pour développer des activités touristiques. Mes deux guides, Sopheary et Savorn, étaient également d’une gentillesse de tous les instants, m’abreuvant littéralement de leur excellente connaissance de leur pays et de ses curiosités. À la suite de tout ceci, inutile de vous dire que j’attribue la note maximale à l’organisation de ce voyage que je vous propose de découvrir sur ce blogue dans les jours qui suivent.